Un rogue-lite d'escalade, dans un univers sombre à la croisée de Silo et Half-Life ? Derrière ses décors monolithiques et sa palette de couleurs déclinant toutes les nuances de gris, voyons-voir ce que White Knuckle a dans les biceps. Et surtout, comment parvient-il à nous faire grimper de manière viscérale, encore et encore, toujours plus haut ?
Question de poing de vue
La diégèse est très subtilement distillée dans White Knuckle : nombreux sont les indices qui constituent le lore, sans jamais tout dévoiler d'un coup. Vous trouvez parfois des squelettes, assis sur une corniche, preuve que des grimpeurs sont és par là avant vous avant d'abandonner à bout de forces... Les annonces audio, nombreuses et automatiques, témoignent également d'un environnement qui a connu une activité foisonnante. Non sans rappeler Portal 2, les annonces évoquent tantôt des zones n'ayant pas été inspectées depuis 3 000 ans, tantôt une cafétéria fermée pour cause de substance chimique inconnue... Clairement, quelque chose ne tourne plus très rond ici, et vous allez bien volontiers suivre le conseil inscrit au mur : "Échappez-vous"...
Le poing sur la situation
Toute la mécanique de White Knuckle repose sur l'escalade en free climbing, c'est-à-dire sans attache ni assurance. À la force de vos deux poings, vous agrippez une prise rouge, bien visible, mais aussi un rebord de mur, une corniche, une grille, une caisse, un tuyau d'aération, n'importe quoi tant que votre main tient la prise. Avec un système de stamina, vous observez – et entendez – votre main tenir la prise un certain temps jusqu'à rougir à en devenir écarlate, un bruit de cuir tendu en prime. Il n'en faut pas plus pour comprendre qu'après, c'est la chute libre. Alors vous sautez, de prise en prise, jusqu'à atteindre une zone de répit où laisser vos mains se délasser (une boîte de conserve peut accélérer le process de récupération).
Le poing de non-retour
Mais la pause reste toujours de courte de durée. Car du fond du silo monte de plus en plus vite une masse, dont le but est de vous absorber. Pour les familiers de Blake et Mortimer, pensez à l'ennemi mouvant du troisième voyage du Piège Diabolique. Pour grimper plus vite, vous pouvez embarquer quelques précieux accessoires glanés en chemin : des barres à jeter, venant se ficher dans les parois et servant d'appuis, mais aussi une petite bestiole dont le jus vous permet de trouver des prises n'importe où, ou encore des pitons, à planter à l'aide de votre maillet. Leur utilisation est étonnamment bien retranscrite dans le jeu : la gestuelle main droite / main gauche est excellente, vous contraignant à tenir une prise d'une main tandis que vous plantez votre piton. Puis changez de main pour l'enfoncer de trois coups secs, avant que vos muscles ne se raidissent...
Ne vous fiez pas à son habillage faussement rétro mêlant textures dignes du moteur GoldSrc avec un effet dither, White Knuckle est un jeu du futur. Un futur délabré, à l'abandon, où clairement quelque chose a dérapé. Un Silo à l'abandon ? Peut-être. Pour les plus attentifs d'entre vous, difficile de er à côté des nombreuses références à Half-Life, qui clairement, font plaisir. À commencer par les barnacles, qui sont les mêmes ennemis : ces sacs à viande laissant pendre des tentacules dans lesquelles il ne faut pas se faire prendre (quoi que...). Quelques messages audio, ou des atouts agers font également référence au titre de Valve...
Les poings sur les i
Quelle claque ! Malgré ses airs de fausse simplicité, White Knuckle se révèle d'une profondeur insondable. Profondeur dont il vous faudra vous extirper à la force des bras, en apprenant à maîtriser un environnement bétonné en décrépitude, habité d'un bestiaire hostile. La fluidité de la grimpette détonne avec l'aridité de son visuel. Avec un travail audio remarquable, le titre vous raconte une histoire éclatée, renforçant le sentiment d'urgence de s'échapper. Malgré sa difficulté certaine, White Knuckle réussit l'exploit de ne jamais vous faire lâcher. Inlassablement, vous irez grappiller les quelques mètres de votre record, jusqu'à espérer voir enfin la lumière du jour.
Test complet publié sur Gamatomic