Chemin de solitude — 2025

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(20 mai)

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Rigouste déploie une impressionnante cartographie des résistances et offensives du capitalisme, comme un long manuel historique et théorique des pratiques contre-révolutionnaires, naviguant à partir des déploiements impérialistes européens en Afrique et en Asie jusqu’aux régimes néo-sécuritaires en Inde, Israël, Turquie, US, etc. (globalement tout les États-Nations). Il est très fort pour rendre visible ce long continuum impérial qui alimente le capitalisme qui se joue de ses « crises » pour détruire encore et encore chaque parcelle de notre monde. Le problème du livre étant peut-être cet aspect global, un peu frustrant de tout naviguer aussi vite sans le temps de s’immiscer dans chaque faille, chaque révolte (ces précédents livres le font, on peut se dire ça aussi). Un livre important ; avec une plume assez vive, comme le montre sa belle conclusion.

(16 mai)

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(12 mai)

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Chouette panorama des pratiques intenses d'internet, l'asmr, la vaporwave, les core, les backrooms, avec une volonté de pratique d'histoire de l'art sensible.

(6 mai)

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(5 mai)

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Plongée dans les bas fonds parisiens de 1870 avec un Jack l'éventreur qui déraille après avoir lu Les chants de Maldoror.

(2 mai)

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Livre culte sur les mouvements autonomes allemands des années 1980, enfin traduit en français (un pdf de la traduction anglaise se trouve facilement). Geronimo, l'auteur-participant anonyme, mêle parfaitement retour d'expériences de luttes que réflexions sur celles-ci : la naissance des squats à Hambourg et Berlin Ouest, les grands moments anti-nucléaire, la question de l'action violente, etc. Un panorama vivifiant sur cette branche hybride de la gauche radicale (ce n'est pas l'histoire de la RAF).

(30 avril)

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(29 avril)

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Sorte de long fantasme étasunien sur l’affaire de Tarnac, Jacques Camatte et un Massif Central imaginaire en thriller semi-paranoïaque qui en fait une lecture assez désagréable. La narratrice semble devenir Kushner, dans cette perception d’agente secrète désabusée, qui ne tente finalement que de réaliser ses propres fantasmes éco-terroristes dans un jeu d’écho avec une lecture de Camatte dévitalisée de tout son marxisme. Faussement cool et intelligent.

(27 avril)

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(20 avril)

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Il y a un tout petit plaisir à suivre ses divagations sur la fin des artistes que l'on apprécie, mais à quoi bon ?

(18 avril)

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(17 avril)

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Moins compact et moins saisissant que son bateau-usine. Ici, c’est un long espace donné aux paysans, pour bien faire ressortir les mécanismes de propriété et leur exploitation, et de comment naît peu à peu une conscience de classe et la nécessité de l’organisation.

(15 avril)

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Lire un livre interdit ? Inventer un nouveau langage ? Qu’est-ce donc qu’une insurrection à travers le regard d’un enfant ? Manger des pommes ? Toutes ces réponses dans ce très drôle roman et ces trois cent pages d’expérimentations stylistiques et narratives, autour d’une petite île et de son microcosme utopique.

(8 avril)

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Le roman qu'aurait aimé écrire Nicolas Mathieu.

(3 avril)

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(2 avril)

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Récit d’une décennie new-yorkaise (avec une nécessaire incursion vers le warehouse de Chicago et Knuckles) et de l’invention de la forme moderne de la dance music et de sa consommation clubesque. Lawrence livre à la fois un récit des fêtes (Loft, Studio 54, Paradise Garage, et tant d’autres), de leur magie et échecs, une description de l’industrie musicale face à l'effervescence disco, de la tension entre l’underground non-blanc et non-hétéro face au chic de la fame, du mouvement réactionnaire disco sucks, de l’eurodisco, et de la ligne tenue par Mancuso. Grand livre foisonnant, tant par sa justesse musicophile que par le paysage socio-culturel d’une Amérique face à l’émancipation.

(28 mars)

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« Souviens-toi, une poésie que seul l’ennemi peut comprendre. »

Pas les mots.

« Remboursez tout. Laissez les morts à leurs stations naturelles. Dynamitez les prisons. Faites-vous rôtir, donnez-vous en pâture aux gueux. Et si vous ne le faites pas nous vous dépouillerons de vos yeux. Pour vous reprendre tout ce que vous avez brisé, tout ce que vous avez pris, ce que vous fait de nous, des contours de la terre, pour tout ça nous emporterons vos yeux, et nous les garderons, comme preuve de votre vision, comme réceptacle de tromperie et de déréliction, que plus jamais vous ne fouliez la terre, plus jamais vous n’inventiez de noirceur implacable, une noirceur que jamais nous n’oublierons, comme jamais nous ne vous oublierons, dévoreurs de la planète terre, nous vous mettrons dans nos bouches, et nous vous garderons là à réciter la souillure de vos vies, et nous continuerons pour que vous erriez à jamais dans les enfers connus et inconnus, et nous continuerons pour que les interminables mouettes solaires et l’interminable bourdonnement du firmament ne soit plus seulement l’argent, et que les chiens des gueux et aboient et courent, comme d’invisibles spectres se nourrissant de vos os dans la nuit éternelle. »

(27 mars)

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(25 mars)

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Dix ans de textes et conférences de Bailly sur la question de la ville et de son occupation, évidemment toujours sous l’ombre de Baudelaire & Benjamin. Mais l’urbain ne s’arrête pas seulement dans le mythe perdu du flâneur, mais il prend le corps à un large éventail, allant de la maison-éléphant de Gavroche, aux utopies socialistes perdues du dix-neuvième (avec ce constat que les utopies se construisaient contre la ville alors que celle-ci commençait à peine à se développer), à la destruction de bidonville, du tissu urbain des banlieues parisiennes, pour finir sur une très belle réflexion sur l’architecture et notre manière quotidienne à occuper l’espace. Toujours une bonne idée de marcher avec Bailly.

(21 mars)

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Roman d'apprentissage, tout fuir, le travail, les hommes, les normes et roman de destruction, des corps.

(20 mars)

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J’avais le souvenir de textes très arides chez Krasznahorkai, et ici pas mal de surprises. L’attente du messie et la destruction d’une communauté / du monde, ça, un terrain connu, avec tout de même la sensation d’un monde particulièrement vivant et prompt à s’emmener seul vers sa destruction. Autant la narration, ici des longs blocs très fluides, très vivants, j’ai été très surpris. On pense en permanence se perdre, tout en se ressaisissant à chaque page, on finit par s’am à naviguer dans toutes ses altercations du réel.

(18 mars)

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Le fascisme n’est pas une donnée, un moment historique stable et uniforme, mais agit comme un virus, pour reprendre Polanyi (“Le problème du fascisme est aussi vieux que le capitalisme. La menace était là depuis le début”). Toscano ne se livre pas à une simple analogie/différence entre la séquence de l’entre-guerre et notre temps présent, mais des allers-retours permanents dans un impressionnant panorama des théories antifascistes, du marxisme noir étasunien aux théories du désir fasciste sous Foucault et Deleuze, en ant par Adorno, Lefebvre, Angela Davis, quelques brillantes pages sur Ernst Bloch et des voyage tortueux sur la question de l’abstraction économique (avec une destruction en règle de Heidegger). Ce n’est pas l’histoire des fascismes, mais ses temporalités, ses métamorphoses et métastases. Le livre est là, hélas trop important pour nous.

En porte d'entrée, un entretien : https://artifices.blog/2025/01/17/le-fascisme-de-notre-temps-entretien-avec-alberto-toscano/

“ Ce mot d’ordre polémique [organiser le pessimisme], ironique et terriblement prémonitoire - clairement marqué par la collaboration étroite de Benjamin avec Brecht au cours de ces mêmes années - témoigne d’une tentative de façonner une certaine disposition affective de la gauche radicale, capable de se défaire des sentiments politiques ancrés dans une temporalité basée sur l’idée du progrès, qui pourrait sembler riche de promesses humaines mais qui est contaminée en son cœur par le temps vide du capitalisme. A mesure que le répertoire historique du pessimisme d’extrême droite redevient une source féconde pour la fabrication de mythes réactionnaires, le temps est peut-être venu de revisiter et de raviver cette tradition mineure du pessimisme communiste.”

(15 mars)

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Pas de la littérature des ruines, mais de la littérature pour vivre avec ses ruines. Grand effort de Sebald d’aborder les bombardements alliés sur l’Allemagne, des pertes mais surtout du vide de l’après ; pas le vide des bâtiments détruits, des vies perdues, mais le vide de parole et d’écriture autour des événements traumatiques. De la honte du regard baissé.

(12 mars)

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« Un désir amalgamé de peur et de haine transformé en position dans le monde, un projet de défiguration du désir homosexuel impossible à concevoir autrement comme une menace à l’existence »

(10 mars)

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Rarement très convaincu par les analyses culturelles de Fisher.

(5 mars)

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(3 mars)

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Tout s’ouvre sur une analyse brillante de l’autel de Pergame, où de jeunes ouvriers découvrent un sentiment de force analytique, où l’esthétique semble, déjà, se combiner à la résistance au fascisme latent de la société allemande pour finir dans les limbes et l’échec de cette résistance dans les derniers jours de Berlin avant sa chute. Entre temps, le long voyage du narrateur anonyme à travers une Europe en guerre, dans les rangs espagnols, en exil suédois, dans les rues de Paris (rarement Paris aura été si bien écrit). Il s’y forme en découvrant toute l’histoire du mouvement ouvrier du jeune vingtième siècle, des trahissons successives, des guerres intestinales entre sociaux-démocrates, communistes, trotskystes. Il s’y forme en découvrant seul la littérature, la poésie de Dante, le théâtre de Brecht. Pour finir devant la barbarie sans fin ; rien que pour le dernier livre, il faut tenter de s’aventurer. Weiss se confond avec lui et ne s’embête pas avec la continuité de la narration : il livre des blocs de paragraphes, sans retour à la ligne, sans respiration, où l’on e d’une description d’une tranchée espagnole, à l’histoire d’un membre du PC, à l’histoire de la révolution russe, à l’invasion française ; tout ça pendant neuf cent pages. On fuit l’épique pour se concentrer sur la simultanéité du monde. On ne sait que faire, on veut reprendre certaines pages, et désormais, on ne souhaite qu’être aussi fort que lui, et d’avancer dans ce terrible monde.

« Nous sommes restés moralistes, n’est-ce pas. Nous parlions de la liberté des sens, nous pensions que l’homme qui vit pour la révolution doit se donner à elle corps et âme, que ses sentiments doivent ne rien ignorer, et quelque que fût notre émotion, nous n’avons jamais su sortir de cette étrange pureté. Malgré Hölderlin, malgré Rimbaud, mes élans n’ont jamais su transgresser. Peut-être suis-je resté un enfant. Non, j’ai éprouvé des désirs. Mais il y avait là une exigence, elle se plaçait si haut que je refusais de céder à une demi-mesure, à une solution de fortune. »

(27 février)

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« Après une nuit sans sommeil, le corps faiblit
devient doux et autre — il n’est à personne.
Dans les veines ralenties des traits font encore mal
et on sourit aux gens comme un ange.

Après une nuit sans sommeil, les mains faiblissent,
l’indifférence est profonde : ami ? ennemi ?
Chaque son fortuit récèle un plein arc-en-ciel,
l’odeur de Florence flotte soudain sur le gel.

Les lèvres s’éclaircissent tendrement, l’ombre est plus dorée
autour des yeux creusés. C’est la nuit qui a allumé
ce visage si éclatant — et de la nuit sombre
en nous, les yeux seuls — restent sombres. »

(26 février)

Annotation :

Charmé par l'ironie insouciante et désabusée du narrateur.

(25 février)