LIBRE ! Ce simple mot, tous les otages en ont rêvé.
Etienne photographe de guerre vient de rentrer en après une longue captivité.
é l’effervescence du retour, l’accueil officiel à sa descente d’avion sous le regard des caméras, après les examens médicaux, il faut réapprendre à vivre.
Etienne s’installe dans le village de son enfance auprès de sa mère et de deux amis d’enfance.
« Cette première nuit dans la maison, il ressort seul dans le jardin. Il s’allonge sur l’herbe, essaie de refaire alliance avec la nuit d’ici. Une de ses mains s’enfonce dans la terre. Il est rentré, il est à nouveau dans un monde où rien n’est hostile, où des gens, comme sa mère, consacrent du temps à faire pousser des plantes. »
Peu à peu les souvenirs affluent, le visage de cette femme aperçu au moment de son enlèvement revient indéfiniment, il se souvient de ces longues journées où l’attente de « l’écuelle » était le seul évènement.
Dans un texte d’une infinie pudeur, Jeanne Benameur tente d’expliquer l’inacceptable, l’horreur de la guerre et de la détention et démontre que les ravages causés par la captivité d’un être cher est une blessure à vie pour les proches.
« Derrière les paupières de mon fils il y a l’horreur du monde. Dans cette tête que je caresse, combien de cris perdus, d’appels de paroles brisées, les ruines de tant de vie les ruines, les ruines… mon dieu… comment faire pour vivre dans les décombres… la désolation… et les larmes d’Etienne coulent aussi sur son visage. »
J’ai lu ce texte d’une traite, la gorge nouée, persuadée d’avoir en main un livre exceptionnel qui je l’espère recevra les récompenses qu’il mérite.
Je veux terminer cette critique par une dernière citation, qui m’a particulièrement émue, comme un hommage à ces hommes et ces femmes, reporters de guerre, qui risquent leur vie, chaque jour pour notre incessant besoin d’images.
« La vie n’est sacrée pour personne dans les guerres. On parlera toujours du nombre de tués. Tant qu’on n’a pas vu leurs visages, on ne sait rien.
Et lui il est là pour ça.
Il continuera à regarder les visages.
La vie ne vaut que comme ça. »