Deux ans avant qu'un certain phénomène "littéraire" aux cinquante nuances de sadomasochisme venu d'outre-Atlantique s'apprêtait à déferler dans les librairies françaises, Régis Jauffret s'est emparé d'un fait divers cru - le meurtre d'un riche banquier d'affaires suisse par sa maîtresse alors qu'il est emprisonné dans une combinaison en latex - pour en faire un mince roman, le ci-devant "Sévère".
L'auteur se défend en prologue de tout racolage, cela a peut-être un lien avec la plainte déposée contre lui par la famille dudit banquier ? Toujours est-il que cette "histoire d'amour" - ayant inspiré à la réalisatrice Hélène Fillières son premier film - sent le racolage à plein nez. Et l'auteur semble y prendre goût puisque qu'en 2012, il publie "Claustria" sur l'Affaire Fritzl, provoquant la colère des Autrichiens, et en 2016, c'est une autre plainte qui sera déposée contre lui pour son roman "La Ballade de Rikers Island" dans lequel il évoque l'affaire DSK. Régis Jauffret ferait-il partie de ces auteurs qui pensent qu'on séduit Dame Notoriété en couchant avec Dame Polémique ? A observer de près le cortège de confrères et consœurs qui le soutiennent dans son art et semblent du même acabit, c'est probable.
Mais revenons à nos moutons, c'est-à-dire à la relation d'Édouard Stern et de Cécile Brossard. Oups... chut, on ne doit pas dire de noms, les personnages de cette "fiction" n'en ont pas, c'est plus prudent.
De quoi parle "Sévère" ? Je ne sais pas.
Le récit est une narration personnelle de la narratrice - la maîtresse - qui essaie d'expliquer qu'elle a exécuté son amant par amour parce qu'il refusait de lui donner le million d'euros qu'elle exigeait de lui. Elle qui exerce le plus vieux métier du monde refuse le statut de prostituée et se projette dans une relation durable avec l'un des maîtres du monde financier, se pliant à toutes ses excentricités sexuelles et se résignant à devenir ce que son richissime amant désigne sous le titre flatteur de "secrétaire sexuelle". Nourrie de mises en scène lubriques impliquant parfois des enfants et des call-girls, de multiples accessoires et des armes en tout genre, leur relation toxique, addictive, avilissante et asservissante dure trois ans, avec la bénédiction et le concours du mari de ladite assistante sexuelle.
Comment dire ? Malsain et inutile, voilà ce que j'ai pensé en tournant avec soulagement la dernière page du roman. Cette violence et cette souf dans les rapports charnels me ent à trois mille au-dessus du ciboulot, c'est un domaine qui reste totalement incompréhensible pour la grande romantique que je suis depuis toujours et que j'espère bien rester. Je pèche sans doute par naïveté mais je préfère ça que pécher par saleté.