Après avoir terminé le premier tome de La Recherche, j’ai enchaîné directement avec le deuxième, et maintenant j’ai envie de lire d’une traite le troisième tome…
La première partie du roman m’a beaucoup plu. L’univers mondain, les salons, les Swann, M. de Norpois, Paris, les belles images et j’en e, apportent une atmosphère que j’affectionne tout particulièrement. Elle est très bien transmise par Proust, comme si on y était ; encore plus transcendant qu’un film, alors qu’il n’a que les mots à sa disposition.
L’âge des personnages est difficile à deviner, ce qui rend la lecture délicate : il est complexe de juger les actions, tant l’âge est trompeur. De plus, en un siècle, les mœurs et la société ont tellement changé, qu’il m’est (Gen Z) encore plus difficile de déterminer la tranche d’âge des protagonistes.
Tenez, par exemple : la relation entre Géraldine et le narrateur est assez floue. On a du mal à comprendre à quel stade ils en sont. Le narrateur est bien trop if, ce qui le rend parfois inable ; je pensais qu’à l’époque les hommes prenaient un peu plus les devants. Manifestement, lorsqu’on est né aristocrate, on est dispensé de tout premier pas. Au final, il cesse lâchement de parler à la fille qu’il est censé aimer, en pensant naïvement qu’elle est dans sa tête.
Le pire est sans doute dans la seconde partie, où il n’a que l’embarras du choix pour la femme qui remplacera Géraldine. Il choisit cette Albertine, mais e en fait plus de temps avec Andrée, avec une stratégie des plus loufoques, qui n’a, sans surprise, absolument pas fonctionné.
Le baiser refusé par Albertine — on appelle ça une agression sexuelle de nos jours paraît-il — est d’autant plus satisfaisant : il ne mérite pas de toucher une fille avec des techniques de séduction aussi douteuses. Heureusement pour lui qu’il a le capital social et culturel ; sans cela, même Françoise n’aurait que peu d’intérêt pour lui.
En dehors de ces amourettes, la seconde partie ne tourne pas uniquement autour de cela. Nous sommes au bord de la mer, en été, en vacances. Rien que cela donne une dimension puissamment sensorielle, parfaitement transmise par la plume proustienne : on s’y croirait.
La petite clique du narrateur fait très adolescente — encore une fois, j’ai du mal à approximiser leurs âges — et rappelle de bons souvenirs.
C’est surtout pour cela que je lis Proust : pas pour ses longues phrases ou son style en soi, mais pour cette transmission d’un autre temps, que je n’ai retrouvée nulle part ailleurs.
C’est un témoignage d’un monde disparu, vieux de plus d’un siècle, et pourtant l’humain, lui, n’a pas fondamentalement changé — seule la société l’a fait.
Aucune œuvre ne me fait le même effet que La Recherche du temps perdu. Peut-être qu’il n’en existe pas d’autre. Ou pas encore.