L'horreur, ce n'est pas toujours des amas de chairs mutilées jonchant le sol d'une cuisine un soir d'automne, ni l'irruption spectrale d'une entité revancharde dans un manoir ancien qui pue le moisi ou à une possession démoniaque ponctuée de vomissements glaireux qui ressemble à la purée d'ortie de ma grand-mère.
Non.
Souvent l'horreur, c'est un truc pas net dans la tête.
Une araignée dans le plafond.
C'est flou.
Est-ce que ce sont les sculptures torturées de Kris Kuksi qui vous filent le malaise, ou bien ce type en imper noir, planté devant, qui fantasme ouvertement sur l'idée de déféquer sur ses oeuvres ?
C'est cela aussi l'horreur, un truc pas net.
Deux femmes, étrangères l'une à l'autre, entament une correspondance anodine autour de la vente d'un épluche-pomme historique. Ce qui commence comme un échange de courriels banal vire rapidement au bizarre. L'inconfort s'installe. On se demande laquelle des deux est la plus vrillée… Et puis, on comprend. Mais c'est déjà trop tard.
Quand vous partagez vos fantasmes, même les plus glauques, assurez-vous de bien connaître votre interlocuteur. Parce que parfois, de l'autre côté de l'écran, il y a peut-être quelqu'un de très très fragile.
Ce roman épistolaire revisité, (échange de mails) dévoile une relation toxique mais totalement consentie dans les deux camps. Aucune des deux n'a réellement emprise sur l'autre, elles ne se sont jamais vues, elles pourraient cesser leur correspondance. Non le vrai piège réside dans la peur de la solitude.
On pourrait penser que ces abîmes nés de ces échanges pervers, ne sont pas très crédibles. Et pourtant, la solitude ne nous pousse-t-elle pas parfois à des élans désespérés, à des actes impulsifs qui oscillent entre le pathétique et le grotesque ?