Aurora
7.4
Aurora

livre de Kim Stanley Robinson (2015)

Gagner la Terre ? (jeu de mots de niche)

Voici un roman intéressant. On commence à connaître Kim Stanley Robinson, rendu célèbre par son cycle de Mars, et connu pour ses romans de space opera plutôt austères (beaucoup de données scientifiques, notamment en bio et géologie, et des personnages souvent accessoires).

Du coup, en commençant la lecture d'Aurora, ne m'attendais-je pas à autre chose que ce que me laissait entrevoir le début : un récit de voyage spatial conclu par une colonisation de ladite Aurora.

Lourde erreur !

Et là, je suis confronté à un léger problème. Si je rentre un tant soit peu dans les détails, bonjour le divulgâchage ! Alors pour faire simple, je vais conclure ici de manière assez floue, et la suite de cette critique sera masquée.

Donc, Aurora, après un début classique de space-opera va vite s'avérer surprenant. Pour le dire clairement, Kim Stanley Robinson m'a complètement pris à contre-pied dans ce roman. Arrivée à un peu moins de la moitié du récit s'opère une bascule dans le traitement et la thématique qui m'ont pris par surprise. Agréable la surprise.

Alors certes, stylistiquement, ça reste du Robinson. Peu d'interactions entre personnages, beaucoup de ages descriptifs, bref, c'est un style qui peut déplaire. Mais pour ceux qui eront outre, le récit réserve tout de même quelques jolies surprises, et surtout, surtout, des questionnements et des réflexions très intéressants sur la colonisation spatiale.

Voilà, pour ceux qui ne veulent pas être spoilé, c'est fini. Pour les autres, on continue.

Alors voilà, l'élément qui m'a surpris, et qui, en même temps, constitue la moelle épinière du roman, c'est le revirement total du récit environ à la moitié.

Alors que les voyageurs ont commencé à coloniser Aurora et qu'on s'achemine calmement vers un roman "classique" de Kim Stanley Robinson, coup de théâtre ! La colonisation tourne court, un prion inconnu dézingue tous les colons (sauf un) et les survivants commencent à se déchirer sur la marche à suivre : tenter de coloniser un autre planétoïde du système Tau Céti (où ils se trouvent), ou... retourner sur Terre !

Et c'est là que c'est intéressant. ce roman relate un renoncement, un constat d'échec et même, d'ime. Les colons (ou du moins une partie d'entre eux) constatent que finalement, la seule planète qui leur soit accueillante, c'est la Terre et ils en reprennent la direction.

Même si on est en zone spoiler, je ne vous dirai pas s'ils y arrivent. Les questionnements soulevés par cette décision (et aussi avant de la prendre) sont de mon point de vue le point positif majeur de ce roman.

Se posent les questions du choix, les colons n'ayant pas vraiment eu d'autres choix que de coloniser puisqu'ils sont tous nés à bord du vaisseau (le voyage a duré plus de 200 ans), victimes des choix égoïstes de leurs ancêtres terriens ; celle de la viabilité d'un voyage interstellaire aussi long, le vaisseau se dégradant, d'une part, mais les biomes embarqués aussi, les espèces animales embarquées régressant génétiquement en raison de carences (et les Humains ne font pas exception), certains composants chimiques se raréfiant à bord sans possibilité de les renouveler...

Bref, plein de questions techniques et technologiques d'une part, mais aussi des questions éthiques, psychologiques et philosophiques de l'autre.

Autant d'éléments qui font de ce roman une réussite. Et là, j'ai fini.

8
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le 4 juin 2023

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Math_le_maudit

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