Voilà un livre dont on sort vêtu d'une grande quiétude. Pourtant Betty est dur, cruel, inable de violence à certains moments.
Betty est une jeune fille née d'une mère blanche et d'un père Cherokee, et raconte son enfance dans l'Amérique des années 50' puis dans l'Ohio des années 60' et 70'. Comment elle est devenue cette femme qui ne peut s'empêcher d'embellir les histoires, ayant hérité de son père la volonté d'offrir un beau mensonge plutôt qu'une laide vérité.
D'abord vu sous le spectre de la petite enfance, Betty semble dès les premières pages plutôt bon enfant, racontant avec le verre à moitié plein et une bonne dose d'innocence le quotidien de cette famille qui déménage d'une ville à l'autre, vit des petits boulots du père, ... mais c'est sans compter sur la prise de conscience qui arrive vers l'âge de 8 ans.
À partir du moment où la lucidité débarque, on comprend vite que sous ce vernis, la famille de Betty est remplie de démons, de secrets. Que chacun des membres de la famille tente plus ou moins de dissimuler jusqu'à ce que ça explose.
Betty est un pari fou, celui de nous montrer les différents aspects que peut prendre la Vie et surtout lequel on choisit, pour le raconter. On oscille par exemple, entre un père sage héroïque et bienveillant, qui peut parfois dissimule un grand menteur, aveugle et borné.
La figure du père dans ce roman est très importante, tout comme le sont la sororité, les légendes amérindiennes, la maladie mentale de la mère, la sensibilité des deux petits frères, le poison qui coule dans les gênes de l'ainé et le mal-être de la plus grande des soeurs. C'est aussi une histoire d'émancipation, de rites initiatiques, de liberté sexuelle, ...
Une histoire formidable - inspirée par la vie de la mère de l'auteure - qui marque comme marquent les coups de ceintures, qu'on apaise avec ce qu'on trouve ; des remèdes, des histoires fabuleuses et quelques sucreries.
Un bon gros pavé (700 pages) dans la mare de romans publiés pour la rentrée littéraire, qui mérite une attention un peu particulière, perso j'ai adoré.