C'est à peine de la fantasy. C'est à peine un roman. C'est plutôt un voyage au coeur de la brume, visqueuse et glacée, d'un Moyen-Âge qui se meurt. On aurait tort de chercher dans la quête de l'héroïne autre chose qu'un prétexte pour se plonger dans une ambiance qui pour être lugubre n'en est pas moins envoûtante. Ses pas importent peu, tant que les mots résonnent. Ils évoquent de façon remarquable l'ailleurs d'une époque âpre et violente où la vie ne tient qu'à l'arme qui prolonge votre bras. Immersif et sombre, ce livre ne s'apprécie pas comme un "page turner" porté par une intrigue, mais plutôt comme une potion à l'amertume réconfortante qu'on se surprend à vouloir regoûter, à petite dose, jusqu'à voir le fond de la bouteille. L'écriture est ciselée, particulièrement juste sur les fins de chapitres.
Et le lexique et les remerciements démontrent qu'on peut écrire un roman super glauque tout en étant, en réalité, un boute-en-train ^^