La trame : un peu de "Mission Impossible", un peu de "Casa de Papel", un peu de "Person of Interest"... bref, un petit groupe de surdoués cherche à faire tomber un petit état pour le confier à de riches libertariens de la tech.
Le décor : la jungle asiatique avec ses couleurs, sa moiteur, sa luxuriance et son mystère.
Le message : les géants de la tech pourraient "assez facilement" accéder à une forme de souveraineté et pousser le progrès librement, sans avoir à rendre de comptes à quiconque hormis leurs marchés respectifs - et encore : à partir d'un certain montant en dollars, ça n'a plus vraiment d'importance. Autant dire qu'ils pourraient laisser libre cours à leurs fantasmes.
C'est merveilleusement bien écrit, chaque mot semble pesé, choisi, aussi bien pour ce qu'il connote que pour ce qu'il dénote, et on se sent littéralement enveloppé dans cette verdure exotique, aussi délicieuse qu'anxiogène. Rufin sait de quoi il parle ! Dépaysement et beau voyage assurés. En plus, c'est rythmé et palpitant.
Ca pèche un peu sur le point 3 : sachant qu'une bonne partie du livre expose avec soin les enjeux éthiques et politiques de la démarche, on aurait aimé découvrir les conséquences d'un tel scénario, résumé hélas dans un pauvre épilogue de trois pages. J'aurais préféré un "Tome 2". Ce n'est pas une raison pour bouder son plaisir de lire un excellent livre, mais c'est suffisant pour le priver du statut de chef-d'oeuvre.