Connaissant Werber, j'étais très enthousiaste à l'idée de recevoir son nouveau roman. Un bon pavé de 320 pages comme je les aime, mettant en scène un narrateur pour le moins inattendu : un chat !, ne pouvait finalement que s'annoncer prometteur. Et pourtant...
Certes, la protagoniste apporte de la fraîcheur au récit et une nouveauté à une intrigue plutôt banale. Je vous fais le topo: Bastet, chatte domestique habituée à son train-train quotidien, découvre grâce à son voisin chat Pythagore étonnamment intelligent et cultivé la réalité de la vie des humains. La vie des humains, du point de vue de Bastet s'avère être remplie de tristesse, de malheurs, de morts, de dangers et de petites habitudes futiles. Plutôt négatif, comme tableau, mais il est vrai qu'on s'y retrouve un peu.
Très encré dans notre époque, le roman de Werber se veut moralisateur, voire même critique vis-à-vis de nos habitudes et de notre dépendance à la technologie, aux médias, aux distractions qui occupent nos journées et captent notre attention plus qu'il ne le faudrait. Le récit est influencé par les malheurs qu'ont récemment connus plusieurs de nos voisins (et nous-mêmes) et qui peuvent être résumés en un mot : terrorisme. C'est un challenge que d'aborder ce thème, si vite, si facilement et du point de vue d'un protagoniste si original.
Oui, mais voila. "Demain les chats" est un roman maladroit, simpliste, naïf qui semble être le premier roman d'un jeune auteur un peu rêveur et idéaliste qui veut se convaincre que si toutes les différences s'unissent (ici, les humains et les chats), elles peuvent vaincre l'ennemi (ici, les rats). Une belle métaphore pour désigner ce qui nous touche, nous, dans le monde réel. Mais malheureusement pas très subtile.
En effet, les monologues de l'"enseignant" Pythagore (qui a la science infuse grâce à son "Troisième Oeil") à son "élève" Bastet ne servent aucun intérêt dans le récit et finalement ne sont là que pour gonfler la narration de détournements historiques qui font sourire, sans plus. ent encore que ces dialogues soit très basiques, que le terrorisme soit poussé à l'extrême, que le réalisme soit laissé au second plan alors que le roman se veut encré dans un monde réel - le nôtre. Tout cela serait acceptable, puisqu'au final, le roman se laisse lire, distrait sans ionner et peut plaire à certains.
Mais d'intrigue, d'après moi, il n'y en a pas. La prétendue guerre est poussée à son paroxysme, évolue extrêmement vite, trop vite pour que cela ait véritablement un sens, le style narratif laisse à désirer, si on veut en effet croire que c'est une chatte ignorant tout du monde des humains qui s'exprime. L'histoire s'essoufle et la cohérence entre les personnages et leur supposé savoir s'efface peu à peu. Les détails très fantasques prennent plus de terrain et le réalisme ne se ressent presque plus. L'atmosphère, l'environnement, le ton, tout change sans qu'il n'y ait véritablement une explication pertinente. Mais tout cela pourrait er si la fin était digne d'un dénouement de roman traitant de guerre et conflit.
Ce qui ne e pas, en revanche, c'est qu'un très bon auteur tel que celui ayant rédigé l'incroyable trilogie des "Fourmis" se contente d'un roman si simpliste et fade, et qui plus est, termine le-dit bouquin par une pirouette de bas étage afin de justifier les défauts de son roman en mettant la faute sur le lecteur et son probable pragmatisme. Le lecteur manque sûrement d'imagination s'il n'a pas cru à ce roman.
De l'imagination, comme vous, j'en ai outre mesure, quand cela est justifié. J'accepte plutôt bien qu'un auteur m'emporte dans un monde autre que le mien et me fasse découvrir un point de vue différent et nourri par une bonne narration. Par contre, j'apprécie moyen qu'on se moque de moi...
En un mot comme en mille : DECUE.