Dom Juan
7.3
Dom Juan

livre de Molière (1665)

La leçon par delà le temps d'un maitre qui ne voulait pas l'être.

(comme titre ça claque!)


Pas vraiment une analyse ici mais une réflexion.

Ce matin flânant sur you tube j'ai trouver par hasard (mais en vrai on sait que c'est tout sauf un hasard) ce documentaire ionnant consacré à Louis Jouvet.

https://www.youtube.com/watch?v=P3sBgw8N_J8

Outre l'émotion d'entendre le témoignages d'une ancienne élève et les réflexions lumineuses d'Antoine Vitez et Giorgio Strehler, il y eu l'émotion de replonger dans cet univers du théâtre. Nostalgie du temps révolu ais je pensé, je suis coutumier du fait mais il y avait autre chose quelque chose qui, par delà d'éventuels regrets, me réconfortait et me consolait des chagrins que me procure l'époque actuelle.

Je ne percevais pas le pourquoi de tout ça et c'est le Dom Juan qui m'en a donné la clé.

Je m'explique.

Louis Jouvet accorde beaucoup d'importance à la pièce de Molière Dom Juan. Il y pense longtemps et en 1939/40 il commence à travailler le texte en profondeur avec ses élèves du conservatoire. Il continue ce travail durant tout son périple en amérique du sud pendant le reste de la guerre et ce n'est qu'en 1947 qu'il peut enfin proposer sa mise en scène.

Dans cette mise en scène Louis Jouvet propose une lecture différente de celle communément ise en s'appuyant notamment sur le rôle d'Elvire qu'il prend au sérieux. Il faut savoir qu'Elvire est un personnage qui n'apparait que deux fois dans toute la pièce au début et à la fin.

La deuxième scène d'Elvire est considéré comme ennuyeuse voir injouable en tous les cas comme un case patte pour comédienne.

Du coup on s’intéresse peu à Dom Juan on juge la pièce un peu faible par rapport aux autres de Molière et si Mozart n'était pas é par là avec son Don Giovanni, on pourrait imaginer que le texte serait au rencart.

Louis Jouvet prend la pièce au sérieux et révèle que loin d'être une vague pantalonnade, le texte possède une vrai profondeur mystique que la réapparition d'Elvire révèle et qui du coup éclaire l'ensemble de la pièce sous un jour nouveau.

Bon ceci dit ou est la leçon annoncé dans le titre ?

Eh bien ce qui se matin m'a réconforté c'est d'apprendre qu'à un moment (en 1939) où le monde marche à la guerre et où la violence et la bêtise la plus abject submerge tout un homme s'engage dans son art en montrant que l'être humain est autre chose qu'une bête avide de conquête.

Si on se contente d'une lecture superficiel DJ n'est qu'un jouisseur qui ne se préoccupe que d'accumuler les conquêtes (Trump et Musk ne sont pas loin) et que si à la fin il est chatié par la puissance divine c'est pour obéir à la morale de l'époque. C'est faire peu de cas du talent de Molière.

Si comme Jouvet on prend la réapparition d'Elvire au sérieux qui sortant de son couvent vient une dernière fois supplier DJ de se sauver en se repentant, si l'on croit ce qu'elle dit là tout apparait différent.

Peu importe que l'on croit ou pas à l'existence d'une divinité supérieur la présence d'Elvire opère comme un rappel à DJ que par delà les appétits du monde terreste du désir sans cesse frustré, du désespoir constant découlant de la certitude de notre commune finitude, l'être humain possède en lui l'intuition le sentiment la conscience de pouvoir appréhender l'ensemble de l'univers et de son mystère.

Compréhension qui vient justement de la conscience aigue que nous avons de la certitude que nous serons fini un jour inéluctablement. De cette certitude porteuse de terreur nous pouvons cedant à la panique nous jeter dans une débauche d'action mortifère, (Musk envoyant une voiture dans l'espace et espérant survivre grâce à des implants dans le cerveau le pauvre chou sa maman (visiblement folle comme 36000 lapins) ne lui a jamais dit que les conte de fée n'existe pas vraiment). Ou bien l'on devient adulte pleinement humain en assumant notre condition pour la vivre en y gagnant une vraie liberté découlant d'une délivrance de la peur.

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le 11 févr. 2025

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