Je ne garde pas un grand souvenir détaillé de ce roman techno-futuro-messianique, ou d'anticipation comme le répétait l'écrivain aux lunettes et à la chemise noires, mais je sais que la lecture m'avait plu. Et c'est à cette période que Maurice G.Dantec commença un peu à m'énerver, non pas par ses écrits, mais plutôt par son comportement excessif comme cela put se manifester dans une émission de Franz Olivier Giesbert, Chez F.O.G, avant qu'il se fasse remettre en place par un invité politique. Triste et pitoyable attitude digne d'un petit roquet. Ce qui n'empêcha pas de continuer à le lire jusqu'à Métacortex, la suite du réputé illisible Villa Vortex, en ayant pris soin de faire un saute-mouton sur son dernier journal polémique qu'est American Black Box par mesure de modération en apport anxiogène d'une vision d'un avenir très sombre et menaçant.
Dans le livre présent, Grande Jonction, on suit la progression de Link de Nova, une espèce de jeune messie jouant de la guitare dans un monde se faisant digérer par des conflits métastatiques. Plus grave, un virus technologique mortel contaminent des êtres vivants qui sont subitement pris d'un langage binaire, tels des modems de chair sur lesquels les effets irréversibles les conduisent indéniablement vers une issue fatale. Le monde décrit n'est pas vraiment joli, après la venue du Grand Jihad, une vision prise pour élucubration de la part de Malek Chebel lors d'un face à face chez Thierry Ardisson (Ardicon pour les ennemis intimes) et déjà abordé dans le précédent moins bon roman, Cosmos Incorporated.
Grande Jonction raconte comment le rock et des écritures théologiques voire sacrées exilées depuis le Vatican dans une Europe ravagée pourraient sauver l'Humanité, du moins ce qu'il en reste dans la seconde moitié du 21ème siècle. Le chapitre "Magic Bus", ce titre même tiré du répertoire du groupe The Who, m'a particulièrement marqué par sa tendance masturbatoire en décrivant du combat trop démonstratif de moines guerriers équipés d'armes perfectionnées avec justement le hit précité en fond sonore et é en boucle. C'en était à la limite du risible. Par contre, le grand final est bluffant et littéralement lumineux, laissant une ouverture présager une autre épopée au-delà des cieux, en route pour l'espace, abandonnant une Terre dévastée par son enfer. Hélas, le décès de Maurice G. Dantec fera qu'il n'y aura pas suite à cette histoire-blockbuster.
En conclusion, souhaitons tout de même que ce futur non souhaitable, bien que grandiloquent, ne donnera pas raison à l'écrivain désenchanté de l'Europe et qui s'est consumé jusqu'au bout.
Amen