Indignation
7.6
Indignation

livre de Philip Roth (2008)

Un coming of age croisé avec une tragédie grecque : intéressant

C'est le premier Philip Roth que je lis, et je m'attendais à quelque chose de différent. Il y a une fausse simplicité (élaborée, stylisée) qui permet de suivre ce roman avec un vrai plaisir. Je voyais plus un roman beaucoup plus intellectualisé, or Philip Roth a un vrai sens de la narration, du récit, de l'intrigue.


On y suit donc Marcus, un jeune garçon dans ses années fac. Ses rapports avec ses camarades, sa famille, le doyen, les filles, le monde. Il y a une telle simplicité dans le sujet, que ça en est surprenant. Mais Philip Roth transforme ce qui aurait pu être un "coming of age" roman en une sorte de tragédie grecque. Le père de Marcus est une Cassandre des temps modernes, à sentir que quelque chose va arriver, à prévenir tout le monde, mais à sembler complètement fou au final. Et tout le roman de Roth va démontrer comment tous les choix, tous les détails ont précipité Marcus vers un destin funeste. C'est une sorte de machination machiavélique dont Marcus est la victime. Comme s'il ne pouvait échapper à cette fin terrible, et pourtant chaque petit choix qu'il a réalisé, chaque petit incident, aurait pu modifier son existence s'il avait fait un autre choix, s'il y avait eu une autre issue.
Et il y a un vrai plaisir à lire ce roman. Car Marcus est confronté à un monde qu'il a du mal à comprendre et le lecteur est avec lui, face à toute cette injustice qui l'entoure, et où Marcus semble être beaucoup plus proche de nous que de ses contemporains.
J'ai eu, par contre, du mal à croire en tout ça. Il y a des scènes qui sonnent un peu faux. Par exemple l'histoire de la mère qui va mettre à distance, par le langage, la petite amie de son fils. C'est bien, c'est une très bonne idée, sauf qu'on a du mal à croire que dès le début la mère de Marcus remarque les cicatrices sur le poignet de la copine de son fils... La scène avec le doyen sonne un peu faux. On s'indigne, et à la fois on a du mal à vraiment croire que, malgré l'époque - les années 50 - une telle scène aurait pu se produire. Les prophéties du père sont intéressantes, mais trop répétées, et au final il aurait mieux fallu faire quelque chose de plus léger, moins oppressant. Il y a ces petits détails qui sonnent faux, qui perturbent un peu le récit du lecteur.
Un roman cependant réussi, intéressant, plaisant à lire.

7
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le 12 mars 2018

Critique lue 181 fois

Parkko

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