Jacques le fataliste
7.2
Jacques le fataliste

livre de Denis Diderot (1778)

Mais qui est le maître ?

J'ai pris mon pied avec cette lecture. Je ne suis pas un grand lecteur de roman, je ne sais donc pas encore exactement ce qui me branche. Mais au vu de ce que j'ai préféré ces derniers temps, je commence à me faire une idée. Les digressions, les intrigues minimalistes, les récits intimes mettant en avant le particulier, les personnages communs approfondis : voilà des éléments qui me bottent. Et ils s'y retrouvent tous dans "Jacques le fataliste".

Ainsi, il ne se e pas grand chose dans ce bouquin. En gros, Jacques tente de raconter l'histoire de ses amours, mais est sans cesse interrompu par son maître ou par d'autres intervenants ou simplement par sa mauvaise santé. Est-on pour autant hors des sentiers battus ? Pas vraiment, si on analyse, on se rend compte que Diderot respecte les codes de dramaturgie : on a un objectif principal, raconter une histoire, des conflits-obstacles (les choses de la vuie qui vont interrompre le récit), des résolutions (on écoute les autres histoires, ou on attend que l'élément perturbateur parte avant de reprendre son histoire), et une situation finale. Les personnages sont assez bien approfondis, pas trop de traits de caractère, l'idée n'est pas d'en faire des êtres humains réalistes, mais juste des personnages crédibles avec ce qu'il faut de retenue. L'intrigue m'a rappelé le roman cité par Diderot lui même "Tristram Shandy", mais aussi "Don Quichotte" (autre influence) et les livres de Henry James. IL y a aussi ce jeu de narrateur qui est vraiment riche, Diderot en joue à merveille, sans que ça ne devienne jamais lourd ni incompréhensible.

La plume de Diderot est savoureuse. ses descriptions ne sont pas trop envahissantes, ses mots pas trop pédants, tout est compréhensible, tout est clair. Son humour fait mouche systématiquement. L'idée de ne pas avoir de chapitrage m'a semblé casse-gueuleau départ mais très vite j'ai compris que c'était judicieux d'écrire de la sorte ; en effet, cette absence de chapitres permet de vraiment ressentir la continuité de l'histoire et la frustration d'être interrompu (mais une frustration heureuse).

Bref, un roman que je redoutais et qui m'a au final émerveillé pour plein de choses. C'est tellement riche, fort, approfondi.
10
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le 2 sept. 2014

Critique lue 910 fois

10 j'aime

Fatpooper

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