Tocqueville analyse ici les causes politiques, philosophique, sociales qui amènent à la Révolution, insistant sur la continuité entre d'une part la fin de l'Ancien Régime et d'autre part la Révolution et ses suites. La Révolution vient continuer l'oeuvre de centralisation largement entamée par la monarchie, purgeant de manière brutale "l'Etat" des résidus institutionnels de la société féodale. Ces résidus, en effet, à la fois par manque de cohérence avec les mutations poltico-sociales de la fin de l'Ancien Régime (ex: persistance des privilèges fiscaux des nobles malgré l'anéantissement de toute responsabilité ou devoir politique au niveau local), et radicalisation de certains travers dus en partie à la centralisation progressive des pouvoirs au détriment de corps intermédiaires vidés de toute substance, étaient devenus pour beaucoup inable.
Bref, cela et beaucoup d'autres choses (comme réflexions sur la liberté et l'égalité), appuyé par des faits précis tirés d'un travail sur sources d'époque, dans un style qui me fait toujours, poétique en moins, penser à Chateaubriand: j'ai l'impression que ces deux auteurs chuchotent doucement leur texte. Douceur bienvenue au milieu des barbares de la plume qui prolifèrent avant, pendant, et après le règne de ces derniers nobles.