Il y a l'histoire.
Une histoire d'enfants enfermés dans une colonie simplement parce qu'ils ont été abandonnés par leur famille et que la République Française ne veut pas qu'ils traînent par les rues et inquiètent la bonne bourgeoisie.
Une histoire de rage, d'enfants innocents mais que l'on martyrise soi-disant pour leur bien, pour qu'ils suivent le bon chemin. Des enfants maltraités, qui travaillent sans être payés. Un bagne pour éduquer, à Belle-île-en-Mer dont on ne peut pas s'évader à cause de l'océan qui est partout.
Une histoire de mer et de marins aussi.
Une histoire de rédemption malgré la haine qui entoure le héros. Il n'y a pas que des salauds dans cette histoire.
L'auteur réussit à nous toucher avec son récit haletant, mais aussi à nous faire frissonner, à éveiller des tas de sentiments, à nous mener dans son histoire sans nous lâcher la main. Il y a peut-être parfois quelques digressions inutiles, notamment à propos de la politique. Mais il tient le cap et son récit nous tient en haleine jusqu'au bout, nous surprend et nous apporte des sommets d'émotion.
Il y a un style.
A la premiere personne. Rageux. Un enfant plein de haine qui rêve à tout le mal qu'il peut faire à cette société. Un enfant qui ne comprend pas. Un enfant qui rêve d'évasion. Des enfants dont la vie est détruite.
Le style est coup de poing. Petits phrases énervées. Insistantes. Percutantes. L'auteur se met à merveille dans la peau du héros et nous délivre toute sa violence. C'est magnifiquement écrit, prenant, incisif, au scalpel. La note 10, c'est surtout pour ce style qui vous accroche, vous écorche et vous laisse K.O.. Certaines scènes sont épiques et tellement, tellement bien racontées.
Un roman qui vous touche par son style, c'est le meilleur des romans.
Bravo.