Récit de voyage. Anthropologue de fortune se rêve en Nicolas Bouvier et part pour l'Iran voir l'oppression de ses yeux. Faisant fi des avertissements, il fait des phrases. S'extasie devant l'ombre d'un chat sur un muret de pierre. Disserte sur la politesse et ses règles exotiques, secrètement fier d'en avoir saisi la finesse :
Qu’attend-on d’un chauffeur de taxi dans un pays étranger ? Qu’il vous mène à bon port sans trop vous gruger. En Iran, non seulement la plupart des taxis vous annoncent le juste prix (celui que paieraient les Iraniens), mais, au moment de régler la course, ils refusent votre argent. Vous insistez : ils refusent encore. Vous leur fourrez les billets dans la main : ils vous les rendent aussitôt. Vous les laissez sur la banquette : ils se récrient et vous conjurent de les reprendre, pour finalement les accepter malgré eux, avec un ostensible écœurement. Mais gare à vous si vous partez sans payer : ils vous couvriront d’injures et vous maudiront, vous et votre descendance, sur sept générations. Vous venez de faire connaissance avec une pratique qu’on ne trouve nulle part ailleurs qu’en Iran : le ta’ârof, un ensemble de règles de politesse non écrites, qui régissent les interactions quotidiennes.
Comme il est fin François-Henri! Comme il est bon de er outre les récriminations de ces pauvres chauffeurs de taxi insistant pour ne pas être payés! Ce n'est pas qu'un aventurier, c'est un humanitaire!
Ou un con aussi, c'est possible. Qui se réjouit de rencontrer un partisan du Régime pour "le considérer avec une attention soutenue, comme l'entomologiste de l'Ornithoptera allotei ou le Junonia orithya bleu". Et qui en tire la réflexion suivante : même un soutien sincère de l'ordre établi peut être souriant, serviable et attentionné. "Rien n'est jamais ni tout blanc ni tout noir". Comme il est sage, M. Désérable, et mériterait d'être entendu dans les rangs des victimes de l'oppression.