Le désir et le chagrin

A la fin de la splendide dernière nouvelle de La forme et la couleur des sons, impossible de résister à l'envie de relire le tout premier récit du recueil de Ben Shattuck, qui en est comme le prolongement, à un siècle de distance. Les 12 histoires qui composent le livre racontent une intrigue spécifique mais chacune d'entre elles résonne (raisonne) avec une autre, de manière indirecte et subtile, comme une résurgence du é entre le XVIIe siècle et aujourd'hui, la plupart du temps dans la région de la Nouvelle-Angleterre. Ainsi, le désir et le chagrin, les secrets et les coïncidences se marient, bercés par la sensuelle et sensorielle écriture de l'écrivain américain qui nous enchante dans chacun de ces fragments de vie qui disent, parfois avec ironie, souvent avec mélancolie, les mystères de la destinée, sa tristesse et sa beauté, aussi. Outre la toute première nouvelle, dont on attendra avec impatience, en janvier prochain, l'adaptation au cinéma par Oliver Hermanus (l'auteur du joli remake du Vivre de Kurosawa), comment choisir son récit préféré parmi cette constellation de petites merveilles ? Cela pourrait être Le grand pingouin, hommage à une espèce disparue mais aussi évocation d'une manipulation touchante, ou encore le terrifiant Les enfants du nouvel Eden, à moins que ce ne soit Le journal de Thomas Thurber, avec sa communauté de bûcherons isolés. Bref, c'est du nanan, tout du long, le genre d'ouvrage polyphonique qui laisse à penser que Ben Shattuck n'en est qu'à l'aube d'une œuvre remarquable à coup sûr marquée par l'intime humain et la splendeur de la nature.

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