Bonjour, j’ai fini « La goûteuse d’Hitler » de Rosella Postorino. Ce roman, inspiré d’une histoire vraie, raconte comment Rosa, ayant quitté Berlin pour se réfugier chez ses beaux-parents va devenir, sans rien avoir demandé à personne, une goûteuse d’Hitler. Elles sont dix. Dix femmes choisies au hasard dans les villages des environs de la tanière du loup, pour goûter les menus du dictateur. Dix femmes rongées par la peur: la peur de mourir empoisonnées, la peur des SS, la peur pour leurs familles. J’ai trouvé ce livre ionnant bien que ne correspondant pas vraiment à ce que j’avais imaginé. Je m’attendais à découvrir des choses sur la vie quotidienne, intime de Hitler. En fait ce que l’on découvre c’est plutôt la vie quotidienne des allemands pendant les années de guerre. Tous ceux qui ne sont pas soldats, qui ne sont pas aux fronts, c’est à dire les femmes, les enfants, les vieux. Tous ceux qu’on pourrait trop facilement imaginer comme tous des nazis, endoctrinés, illuminés et qui finalement sont aussi des victimes, terrorisés par le régime. Avec en plus une culpabilité très grande et que l’on sent bien dans le livre: celle de ne pas avoir eu la force de contester, le courage d’empêcher les choses, la culpabilité d’avoir été des victimes presque consentantes. Certains ont été déçus par l’histoire d’amour jugée trop mièvre ou improbable. Moi ça ne m’a pas vraiment dérangée. D’abord parce que je ne l’ai pas vraiment pris comme une vraie histoire d’amour, plutôt comme deux personnes perdues qui se consolent mutuellement. Ensuite parce que rien n’était impossible à cette période, tout était fou. Symboliquement, on peut l’analyser comme étant là pour montrer comment tout un peuple a pu se laisser aller, se laisser séduire par un homme sans forcément adhérer à son idéologie. La faiblesse de Rosa c’est la faiblesse de l’Allemagne toute entière. Et puis il faut savoir que la véritable personne a été sauvée par un officier nazi avec lequel elle avait sympathisé et qui l’a faite monter dans le train alors que toutes les autres ont été exécutées. Pour prendre un tel risque, il devait avoir vraiment beaucoup de sympathie pour elle...