L'écrivain qui n'aimait pas son histoire

Qu’il est difficile, quand on est fan absolu du King, d’ettre qu’il a pu commettre un livre mineur comme celui-ci. La Petite Fille Qui Aimait Tom Gordon n’est pas absolument mauvais, nombre d’écrivains aimeraient écrire aussi bien, mais dans la production de Stephen King, ce roman sera vite oublié.

Pourtant la forme est là, comme toujours c’est bien écrit bien qu’un peu court. C’est vrai que trois cents pages de la part d’un auteur qui nous en offre généralement le double c’est plutôt maigre. On ne peut alors pas s’empêcher d’y détecter une panne d’inspiration et c’est bien le cas, pour ce livre du moins.

On a vu en effet Stephen King mieux inspiré, même par des sujets plus anodins, car c’est vrai qu’il est le spécialiste des situations banales qui virent au cauchemar de façon inattendue. Cette petite fille se promène donc en forêt avec sa mère et son frère et, le temps d’une pause pipi, fini par se perdre complètement après une erreur qui mérite des gifles tant c’est idiot. King nous invite à nous perdre avec elle et à partager ses terreurs de la forêt nocturne.

Stephen King peine visiblement à raconter son histoire et à accrocher le lecteur, on a presque l’impression que c’est par timidité, par peur de malmener un peu trop un personnage de petite fille. Le résultat est un livre bien trop sage dans ce qu’il montre et suggère, un œuvre qui ne va pas assez loin et arrive par moments à ennuyer, un comble pour un auteur de cet acabit. Cette histoire est en fait trop plate, il lui manque une gradation dans la peur qui reste ici très linéaire, l’héroïne n’évolue quasiment pas au fil de l’histoire et finalement, King fini par se perdre beaucoup plus que la petite fille.

Rien de vraiment mémorable donc, un auteur qui e un peu à côté du sujet, un personnage auquel on s’attache difficilement et le « mystère » presqu’absent de l’histoire. Il reste que c’est un livre court, qui n’est pas non plus une torture et qui n’est finalement qu’une péripétie dans la carrière d’un immense écrivain qui, fort heureusement, a fait bien mieux depuis.