Nouveau venu au sein d'un istration, Björn est l'exemple type du jeune cadre dynamique prêt à en découdre dont les dents rayent le parquet. Bourré d'ambitions, il se croit nettement supérieur au reste de ses collègues pour lesquels il n'a que condescendance. Roi de la rationalisation, il organise ses journées de travail en sessions de 55 minutes de travail intensif avant de s'offrir des mini-pauses de 5 minutes entre, histoire de décompresser. C'est à cette occasion qu'il découvre par hasard une pièce inexploitée, que tout le monde semble ignorer. Au fur et à mesure des journées, il ressent de plus en plus le besoin de s'isoler pour se ressourcer dans cette pièce. Ses collègues ne tardent pas à s'interroger sur la raison qui pousse le dernier venu à rester des heures et des heures planté devant le mur du couloir...
A travers cette histoire à mi chemin entre Kafka et Ionesco, Jonas Karlsson signe une satire assez réjouissante du monde de l'entreprise, du travail en open space et de ce que Michela Marzano nomme "l'extension du domaine de la manipulation". Ou comment l'apparente bienveillance des nouveaux modes de management cache en réalité la même recherche de la performance, l'espionnage de tous par tous et comment tout ça conduit les individus les plus inadaptés au bord de la folie.
Parvenant à conserver le mystère sur l'existence ou non de cette pièce, le roman se révèle ludique et met souvent mal à l'aise. Une belle réussite.