La Sage-Femme d'Auschwitz par Lolaurette

Un roman original sur la déportation pendant la Seconde Guerre Mondiale, tiré de l'histoire vraie de Stanisława Leszczyńska, une sage-femme polonaise incarcérée à Auschwitz qui a aidé à y naître plus de 3000 enfants. Ici, deux personnages polonais sont imaginés pour raconter son histoire : Ana qui est sage-femme et son amie Ester qui est infirmière et juive. Ensemble, elles vont se battre d'abord pour la population juive de Varsovie puis pour la condition des femmes enceintes dans le camp d'Auschwitz et leur permettre d'accoucher malgré les conditions effroyables. Les nouveau-nés sont arrachés à leur mère et envoyés pour être adoptés dans de riches familles allemandes s'ils sont blonds aux yeux clairs, noyés dès leur naissance s'ils sont juifs, ou meurent en quelques semaines de froid, de famine ou de maladie dans le reste des cas. C'est d'Ester que vient l'idée de tatouer le matricule de leur maman sous l'aisselle des bébés pour oser espérer en retrouver certains après la guerre.

On ne peut qu'être captivé par le rythme de ce roman et le courage de ces femmes, leur force qui seule leur a permis de rester en vie et de se battre pour elles et surtout pour d'autres. En plus du soutien inconditionnel d'Ana, c'est surtout l'espoir de revoir son mari Philip qui permet à Ester de survivre et la description touchante de cet amour nous redonne foi en l'humanité quand la déception semblait nous étouffer.

On ressent à quel point l'ensemble de la déportation avait comme principal objectif de faire disparaître bien sûr, mais plus encore de faire souffrir et d'humilier les victimes, de ressentir sur eux leur contrôle absolu. Ainsi le soulignent la marche de la mort lors de la fuite des SS et l'enfermement des prisonniers restants après avoir brûlé toutes les ressources du camp afin de s'assurer de leur mort. Tout au long du livre, la violence effarante ne nous est pas voilée, attisant sans qu'on le veuille une part de curiosité morbide, mais faisant surtout gronder un sentiment de révolte qui gonfle dans notre poitrine au fur et à mesure jusqu'à nous laisser suffoquant.

"- Vous êtes là. Quelle joie de vous voir. J'espère que le voyage n'a pas été trop pénible ?

Je réprime un rictus amer. Le trajet de ce matin a été simple, mais les années l'ayant précédé n'ont été qu'horreur et souf. Nul ne devrait avoir à emprunter un chemin aussi éprouvant pour parvenir dans ce lieu délabré où brille faiblement notre unique espoir."

NB : lire la suite, La sage-femme de Berlin.