Je ne connais pas bien Debord. Je sais qu'il est de gauche politiquement et j'ai vu ses films "Hurlements en faveur de Sade" et "Réfutations des commentaires etc sur la société du spectacle". J'en ai l'image de quelqu'un de très prétentieux. Les idées de ce livre, comme l'aliénation, sont reprises à tout bout de champ sur Internet mais j'ai préféré le lire avant de me faire un avis dessus.
J'aime beaucoup sa définition de "spectacle". Le travailleur, dans la société capitalistique ne travaille plus pour produire ce dont il a besoin réellement pour vivre. Il ne s'épanouit plus. De plus, son rythme de vie, artificiel car régulé par son travail, dégrade sa santé. De ce fait, si j'ai bien compris, le spectacle est tous les mécanismes mis en place par la classe dirigeante pour que le bougre accepte sa situation et soit if... Debord décrit les processus employés pour parvenir à cet état. Ce ne sont pas juste les divertissements. Ils sont très variés. Par exemple, le spectateur est inspiré par les vedettes qui mettent en avant des valeurs qui ne devraient pas être les siennes. Il est encouragé à posséder divers objets. Ses loisirs, pendant son temps libre, l'abrutissent... La Philosophie, la Sociologie, l'Histoire et l'aménagement du territoire sont aussi de la partie ! Cela peut, parfois, sembler de l’enfonçage de portes ouvertes mais l'auteur détaille vraiment comment une personne se fait autant influencer. On peut être d'accord avec ses analyses ou non, mais il y a une réflexion derrière.J'ai trouvé Debord précurseur sur plusieurs sujets. Par exemple, j'ai adoré quand il évoque la banalisation de "la formule du paiement calculé « tout compris »", se caractérisant par "la vente de blocs de temps « tout équipés »" (paragraphe 152). Il parle des voyages mais cela me fait aussi penser à la multiplication de tous les abonnements à diverses services de streaming, où l'on paye un unique service censé nous occuper un maximum de temps libre !
Néanmoins, j'ai quelques bémols. Je trouve que Debord radote beaucoup trop. Certains paragraphes se répètent. Ne pouvait-il pas en regrouper certains voir en supprimer ? De plus, comme ses paragraphes ne possèdent pas de titre, je ne savais pas trop où il voulait en venir, dès fois. J'ai mis du temps à comprendre que les paragraphes s'enchaînaient selon une logique. J'ai trouvé certains ages ardus, genre quand il parle de la bureaucratie soviétique ou quand il critique le marxisme. Enfin, j'ai du mal à imaginer la société dont il rêve. Il en parle un peu, dans le chapitre 5, mais ça me semble brouillon. Il s'agirait d'une société organisée en événements qui se répètent, cyclique, dans laquelle les gens, paresseux, travaillent uniquement pour produire ce qui est nécessaire à leur vie, profitent des fêtes et de leur communauté et vivent selon leur rythme naturel ? C'est vague.
Je suis mitigé. Je trouve que Debord a de bonnes idées mais je trouve qu'il part dans tous les sens et qu'il se répète beaucoup. Je le trouve largement moins méprisant ici que dans son film "Hurlements en faveur de Sade" et même plutôt sympathique. Le livre m'a semblé assez accessible. Je le relirai plus tard, quand j'aurai lu plus de textes de philo, pour mieux comprendre les rares ages qui m'ont rebuté.