Antoine, tu ne baiseras pas la Reine de Saba, cette gloire de Salomon, comme tu regarderas Junon mourir étouffée dans sa colère.
Minerve-Athéna tremblera de peur sans plus oser se montrer. Tu n’auras pas un regard pour Hercule-Héraclès enseveli sous les décombres de l’Olympe, ni pour Pluton, ni pour Neptune dont le trident jamais plus ne soulèvera de tempêtes.
Tu n’éprouveras pas de pitié pour Diane agonisante au fossé, ni pour Jupiter descendu de son trône et se sentant mourir. Embrassant le monde refroidi Vulcain se traînera à tes pieds pour expirer son dernier feu.
Cérès la noire d’où sortent les dragons, fille de Saturne, ne ricanera plus et Bacchus-Dionysos s’empoisonnera avec sa ciste vénéneuse. Le sang maudit d’Apollon, piétiné par ses chevaux, se mêlera aux courants du Styx, du Tibre, de la Seine et de l’Hudson. La génitrice Vénus-Aphrodite verra, horrifiée, l’air fuir sa poitrine décharnée. Tu ne la téteras plus.
Les Dieux de Samothrace et les Dieux des Cimmériens trembleront sous un même manteau. Ils périront aussi. Summanus, Dieu du ciel obscur, et Janus, et Vesta, et Bellone, et tous les Dieux de l’Etrurie qui autrefois s’amusaient des humains : bientôt ils brûleront et disparaîtront à jamais. Terme et le grand cadavre de Vertumme gisent déjà dans la poussière, et les Lemures agoniseront bientôt, j’en fais serment. Quant au Scythe Zalmoxis, sa volonté s’affaisse, regarde, il mourra aussi.
Alors déployant mes ailes vers l’azur sidéral je t’emmènerai, Antoine, juché sur mon dos.
Tu me nommeras Diable ou Père ou Dieu ou Science ou Frère ou Chimère ou Savant ou ce que tu voudras, peu me chaut, ce ne sera qu’un mot, un fragment du Logos, rien.
Nous voyagerons au cœur de la matière, dans l’orbite intime de l’atome, au sein des quantas azimutaux, avec le proton, le neutron et le quark Charme Etrange Beauté. Tu seras matière baryonique, électron, photon et matière noire.
E=MC2
Avec Schrödinger puis Pauli, et Bohr, et Lorentz puis Planck, bien vivants, tu seras l’Energie blanche et noire.
Et déployant mes ailes vers l’azur sidéral je t’emmènerai, Antoine, juché sur mon dos, dans l’espace infini et le temps non-linéaire. Sur les ondes gravitationnelles tu seras rayon cosmique, galaxie spirale puis nébuleuse, et quasar, et pulsar, et supernova dans Cassiopée. Au cœur des trous noirs supermassifs ton cœur sera cœur de vie et de douleurs. Adore-moi donc ! Renie tout !
Au matin, face au soleil, dans les feux du levant, Antoine aperçoit le Paraclet.
Et retourne prier.