La trilogie berlinoise, Philip Kerr, Le livre de poche (traduit par Gilles Berton)
Trois volumes, respectivement : L’été de cristal, La Pâle figure, Un requiem allemand qui mettent en scène Bernie Gunther, détective privé, d’abord en 1936, à Berlin, puis redevenu flic, toujours à Berlin en 1938, puis de nouveau détective privé, à Vienne en 1947. Trois affaires et enquêtes qui le malmènent dangereusement, autant que l’époque particulièrement bouleversée en Europe. L’accession des nazis au pouvoir, puis la guerre imminente et enfin dans l’Allemagne démolie la guerre froide entre Russes et Américains, entre les désertions des uns et des autres, l’espionnage à grande échelle, le marché noir et la corruption, les tentatives des deux grandes puissances d’embaucher des nazis qui pourraient servir, notamment des scientifiques.
Philip Kerr réussit l’exploit de nous plonger totalement dans l’Allemagne de ces années, à tel point qu’il est parfois difficile d’en sortir. C’est très réaliste, très bien décrit, parfois grâce à des détails, des anecdotes et grâce à la présence de personnages réels tels Himmler, Heydrich et d’autres moins connus aux côtés des personnages fictifs. Et parmi eux, Bernie Gunther, détective classique qui a démissionné de la police car il n’aimait pas la tournure des événements depuis l’élection d’Hitler. Désabusé mais pas blasé, un code d’honneur bien à lui qui l’emmène parfois vers des difficultés ; il est plus aisément le défenseur de la veuve et de l’orphelin que des puissants, mais lorsque certains très puissants font appel à lui, il est contraint d’obéir même s’il met un point d’honneur à rester humain, à garder des valeurs, ce qui, dans ces années-là, n’est pas toujours facile.
Une trilogie qui se lit -presque- d’un trait, inlâchable et qui donne très envie de lire le reste de la série avec Bernie Gunther.