"Pourquoi ne pas faire de sa vie un météore, si l'on voulait briller ?"

Cerclon, situé sur un satellite de Saturne, est une société où tout est contrôlé habilement afin de permettre une vie sereine aux citoyens y résidant. Chaque citoyen possède un nom composé d'une à cinq lettres, représentant sa place dans la société. A, le président, jusqu'à Qzaac. Les 1-lettrés, jusqu'aux 5-lettrés.
Tout parait pour le mieux sur ce nouveau monde, où les gens fuient la quatrième guerre mondiale en cours sur Terre. Cette guerre qui a rendu inhabitable la quasi totalité de la planète.

Oui, tout parait pour le mieux sauf pour la Volte.

Dans ce livre, on suit les aventures du Bosquet, groupe organisateur des Voltés ; Captp, Slift, Brhix, Obffs et Kamio. On découvre les personnages, la narration change afin d'entrer dans leur tête. La Volte défend les droits de l'Homme. La Volte défend la vie, et la liberté qui selon eux, n'est pas présente sur Cerclon car les inovations ayant pour but la paix du citoyen est en réalité un moyen de surveillance permanent, de contrôle, sur chaque habitant et habitation.

Le livre est agréable à lire tant les personnages sont diversifiés. Captp, professeur de phylosophie, est très intelligent. Son cerveau bouillonne de réflexions du début à la fin de livre.
Kamio, peintre, est très organisé. Il raisonne habilement ses coéquipiers afin de rendre les initiatives de l'équipe concrètes.
Slift pense avec le corps, et son impulsivité ainsi que son langage brut le rendent attachant, imprévisible. "Réfléchir, c'est fléchir deux fois".
Obffs et Brhix sont pour moi les deux personnages les moins remarquables mais ajoutent leur touche au livre. Brhix a une fille et une femme, et contrairement aux autres personnages, il a quelque chose à perdre. Il est donc partagé entre ses convictions, et sa famille. Il apporte la touche d'humanité à cette révolte.

La complicité des personnages est un régale. Leurs successives actions pour la Volte infligent un stress au lecteur, qui partage celui des personnages. L'effet de er d'un personnage à l'autre dans la narration rend l'histoire encore plus vivante. Plus saccadée. Les points de vues sont tous scrutés, même celui du président A n'est pas caché au lecteur. Si bien qu'en faisant ça, Alain Damasio nous laisse la possibilité de nous ranger du côté de la sagesse de Kamio, de l'impulsivité de Slift, ou de l'intelligence de Capt, etc. Il nous laisse le choix. Et le choix, c'est un élément important du livre.

Le seul bémol que je donnerais au livre, ce sont les reflexions internes répétitives des personnages qui rabachent, encore et encore, les mêmes idées. Les personnages cherchent sans cesse à justifier leurs actes comme si Alain Damasio avait peur que le lecteur lui reproche leurs actions.
Ces répétitions qui bourrent le crane coupent un peu trop les scènes actives qui au fur et à mesure du livre, deviennent rares.

Mais le livre n'en est pas moins excellent. Suivre le mouvement en (ré)volte plutôt que les forces de l'ordre, et nous faire sentir nous, lecteur, comme faisant parti de la Voltre derrière nos pages, Alain Damasio y arrive très bien.
La politique a sa juste place dans le livre; elle n'est ni absente, ni trop présente, et permet de se souvenir après la lecture que l'aspect politique est bel et bien présent mais qu'il n'a pas noyé l'histoire.

Alain Damasio m'a convaincue.