Le chemin des âmes
De Joseph Boyden
je vais vous faire la critique de ce bouquin en 10 pages ^^ (pas commun, donc je me lance)
« Derrière moi, quelqu’un raconte que les gradés, à la première incartade, font emmener nos soldats derrière les lignes pour les fusiller. Un autre dit que les Canadiens viennent de se faire battre dans un endroit qui s’appelle Saint-Éloi ; que notre bataillon doit s’y rendre en renfort. Les rumeurs continuent jusqu’au moment où elles deviennent vérité : on part pour le front aujourd’hui.. » (P. 23)
« Puis j’atterris lourdement, sur une épaule, et il pleut des pierres et des boulettes de terre rouge dont il me faut un moment pour comprendre que ce sont, en fait, de la chair et des tripes. Une rumeur sourde gronde à mes oreilles, qui semblent pleines de coton, et derrière, j’entends des chevaux hennir, j’entends des hommes crier, puis un autre obus tombe, cette fois-ci devant moi, et les hommes sont à quatre pattes, les ongles dans la boue, à ramper vers le bas-côté pour s’abriter des éclats meurtriers. Je voudrais ramper moi aussi, mais impossible de remuer, et je sens qu’on me tire par les épaules, qu’on me traîne dans la boue, qu’on me pousse sous l’abri d’une charrette renversée, et le visage d’Elijah se penche sur moi et me demande : « Tu n’as rien ? », je fais signe que non et les yeux d’Elijah sont pleins de soleil, comme s’il souriait. Il ressort de sous la charrette à croupetons et revient un peu plus tard, avec Zyeux Gris et Sean Patrick, et nous restons blottis là-dessous, à écouter les obus qui s’éloignent petit à petit, dans des chocs sourds et des frissons, comme des bêtes féroces qui reniflent la terre, et la martèlent, cherchant toujours d’autres hommes à déchiqueter. » (P. 24)
« Vous vous conduisez en lapins, l’heure est venue de vous conduire en loups ! » et il a vraiment trouvé les mots justes. J’entendrais presque l’échine des hommes se raidir, leur poil se hérisser, et c’est exactement cela, d’être le chasseur et non plus la proie, qui pourra me garder en vie. La loi ici est la même qu’au fond des bois : il faut changer peur et panique en arme, en une arme acérée – pour survivre. » (P. 27)
« Elijah a déjà tué plus d’hommes que je n’en peux compter sur mes doigts. Cela ne semble pas le perturber. Moi, jusqu’ici, je n’ai tué personne de sang-froid, personne que j’aie dévisagé ; mais j’ai aidé. Je ne crois pas que cela me trouble mais je n’ai pas l’intention d’y réfléchir, j’écarte cette idée chaque fois qu’elle se présente. » (P. 109)
« Breech déclare que nous avons ça dans le sang […] ; que notre sang est plus proche de la bête que de l’homme. » (P. 111)
« Il importe donc que vous preniez le plus grand soin de votre fusil. » (P. 113)
« Je ne vais pas m’inquiéter de ce que je ne peux pas maîtriser. » (P. 198)
« Avant de laisser un cadavre, Elijah me dit qu’il a pris l’habitude, chaque fois, de lui lever les paupières pour le regarder dans les yeux, avant de les refermer de sa main calleuse. Et il y a chaque fois une drôle de chaleur, une étincelle, qui monte dans ses tripes, il regarde bien la couleur de l’iris et songe qu’il est – lui, Elijah – la dernière chose que verra le mort, avant qu’on ne le descende dans la boue et l’eau glaciales. Avant qu’ils ne s’en aillent, tous, là où est leur place. » (P. 213)
« Il n’est plus vraiment de ce monde ; et celui qui est déjà mort en lui tire l’autre par la manche. » (Page 367)
« Tu voyais que la vie tout entière est comprise dans le cercle ; et qu’on revient toujours, d’une façon ou d’une autre, aux lieux où l’on est déjà é. » (P. 370)
Un très beau livre à lire, pour ceux qui ne connaissent pas !
9/10