Une histoire québécoise de chasse au loup marin en Gaspésie

Une histoire québécoise de chasse au loup marin en Gaspésie avec tout le charme des récits dépaysants de cette auteure.


On a découvert il y a peu la québécoise Roxanne Bouchard avec Nous étions le sel de la mer, un joli titre pour un polar agréable et dépaysant, tout empreint de l'atmosphère maritime de cette Gaspésie où vivent nos lointains cousins.

Voici Le murmure des hakapiks, troisième épisode (on a sauté le n° 2) des enquêtes de Joaquin Morales, le flic mexicain venu au Québec par amour.

Les hakapiks ce sont ces bâtons traditionnellement utilisés pour la chasse au loup marin, autrement dit au phoque : "les hakapiks, ces longs bâtons de bois, ornés d’une tête de marteau et d’un crochet, conçus expressément pour la chasse au loup marin".

"L’élan de l’hakapik est discret. L’arme fend l’air dans un chuchotement et la masse métallique s’abat sur la bête. Un murmure, et le loup meurt".


C'est donc une histoire de chasse au loup marin, au phoque. La saison se termine, les tempêtes approchent mais un dernier équipage prend la mer. À bord, quatre petits voyous, quatre "crottés" comme on dit là-bas, qui pensent bien toucher le jackpot avec cette dernière chasse.

Mais ont-ils pris la mer uniquement pour les phoques ?

Le lecteur monte à bord pas vraiment rassuré car le crabier Jean-Mathieu a également embarqué ... une femme !

Seule en pleine mer avec ces quatre affreux, dans la promiscuité du bateau !

"Ce n'est pas la première fois que des hommes rechignent à prendre une femme à bord" parce que chacun sait bien que "les femmes, ça n'avait pas d'affaire sur un bateau d'hommes".

Cette femme c'est Simone Lord, l'agente fédérale de l'organisme Pêches et Océans Canada, qui est chargée de "watcher" la chasse, étiqueter les fourrures, compter les quotas, surveiller les chasseurs et l'abattage des bêtes. Une chasse sous haute surveillance, d'autant plus que les "hosties d'animalistes" ne sont pas loin.

L'agente fédérale n'est donc pas la bienvenue à bord et "quand Simone Lord se pointe, en début d’après-midi, sur le quai du Jean-Mathieu, le capitaine Bernard Chevrier a le pressentiment que le voyage va mal virer".


De son côté, Joaquin Morales se remet difficilement de son divorce (le flic mexicain était venu au Québec par amour, mais il se retrouve tout seul en Gaspésie !) et tente de se distraire le temps d'une croisière sur le Saint Laurent. Une croisière où il n'aura pas le temps de s'am.


➔ On retrouve bien là tout le charme des récits dépaysants de cette auteure. En quelques pages, Roxanne Bouchard nous transporte tout là-bas dans un autre univers, grâce à une plume québécoise riche en senteurs inédites, en expressions suggestives et en saveurs nouvelles.

Étonnamment tout cela reste bien lisible pour nous-autres qui avons l'accent pointu, mais bien vite un charme captivant nous enveloppe, nous colle à la peau des personnages et nous plonge au cœur de leurs émotions, même lorsque les mots, justement, viennent à manquer. Car la Gaspésie est un pays de taiseux où les sentiments se vivent souvent dans le silence.


➔ Et pour ce troisième épisode, l'intrigue policière va er la vitesse supérieure : ça se met en place lentement (la vie en Gaspésie n'est pas vraiment trépidante) mais à mi-parcours tout s'emballe, la virée en mer tourne au cauchemar, on avait pourtant vu venir la tempête, et l'on se prend à frémir pour nos héros et à tourner les pages de plus en plus vite.

8
Écrit par
BMR

Créée

le 26 avr. 2025

Critique lue 3 fois

Bruno Menetrier

Écrit par

Critique lue 3 fois

Du même critique

Quelque chose de pourri dans notre royaume du Danemark.

Encore un film de guerre en Afghanistan ? Bof ... Oui, mais c'est un film danois. Ah ? Oui, un film de Tobias Lindholm. Attends, ça me dit quelque chose ... Ah purée, c'est celui de Hijacking ...

le 5 juin 2016

10 j'aime

2

La femme ou la valise ?

Premier film de Hossein Amini, le scénariste de Drive, The two faces of January, est un polar un peu mollasson qui veut reproduire le charme, le ton, les ambiances, les couleurs, des films noirs...

le 23 juin 2014

10 j'aime

[...] Je ne suis pas hypocondriaque, mais je préfère être tranquille.

C'est évidemment avec un petit pincement au cœur que l'on ouvre le paquet contenant Les bottes suédoises, dernier roman du regretté Henning Mankell disparu fin 2015. C'est par fidélité au suédois et...

le 10 oct. 2016

9 j'aime

1