C’est à la suite d’un fait divers survenu en 1950 à Kyoto, par un moine bouddhiste, de l’incendie du Pavillon d’or que Mishima a écrit son roman éponyme. Le personnage principal incarné par Mizoguchi, condamné par un bégaiement et affligé d’une certaine laideur, narre sa propre vision de la beauté, thème cher à l’auteur, incarnée par le Pavillon d’or.
Déjà la folie qui mènera à l’incendie du Pavillon d’or se préméditait chez Mizoguchi tout au long du récit : la « limpide beauté de la félonie » représentée par Uiko.
« Quand on concentre son esprit sur la Beauté, on est, sans s’en
rendre compte, aux prises avec ce qu’il y a de plus noir en fait
d’idées noires. »
La violence et la beauté sont deux facettes d’une même pièce, deux verres de lunette qui permettent d’interpréter le monde.
« La beauté - comment dire ? - oui, c'est comme une dent cariée, qui
vous râpe la langue, qui accroche, qui fait mal, qui monte en épingle
son existence. A la fin, on n'en peut plus de douleur et le dentiste
vous l'arrache. »
Dans la beauté réside l’éphémère, la folie, la destruction, « la possibilité d’anéantissement », à l’inverse de ce qui est ager comme l’homme, le temps.
« D’une part, un simulacre d’éternité émanait de la forme humaine si
aisément destructible ; inversement, de l’indestructible beauté du
Pavillon d’Or émanait une possibilité d’anéantissement. Pas plus que
l’homme, les objets voués à la mort ne peuvent être détruits jusqu’à
la racine ; mais ce qui, comme le Pavillon d’Or, est indestructible,
peut être aboli”. »
Ce roman est le récit de l’homme qui, aux prises d’un idéal trop grand, le conduit à l’absurde.