Maggie O’Farrell, en s’emparant de la courte vie de Lucrèce de Médicis, nous emmène en Italie, au 16ème siècle, au milieu des intrigues de la cour.
Cette dernière, 3ème fille de Cosme Ier, grand-duc de Toscane et d’Eléonore de Tolède, mariée à Alphonse II, duc de Ferrare, décèdera à 16 ans.
Nous voilà transportés pour un magnifique voyage dans le temps, dans un univers dépaysant, au plus près de la condition féminine de l’époque.
Pour cette fiction historique, l’autrice, inspirée par les rumeurs d’empoisonnement, le poème de Robert Browning « My Last Duchess » et le portrait de la jeune duchesse peint par Bronzino, campe une héroïne, qui, rapidement après son mariage, se sait en danger avec un époux déroutant.
Plongée dans le « complexe échiquier du pouvoir » et son « essaim de non-dits », isolée avec Lucrèce dans sa forteresse et ses appartements, j’ai vu le « courant souterrain à la force noire et destructrice » d’Alfonso, son mari. J’ai senti sa douceur apparente masquant mal son autoritarisme et sa brutalité. J’ai entendu la violence de ses « mots, si anodins en apparence, mais si lourds de sens ».
J’ai été émerveillée par cette Lucrèce, vivante et rebelle, qui refuse de plier et de céder. Je l’ai vue préserver une part de liberté, sacrée et intouchable, grâce à la beauté de la peinture, à la puissance de l’imagination et à la chaleur des sentiments.
Magnifiée par l’écriture sensorielle de Maggie O’Farrell, la splendeur de l’Italie m’est apparue : « [ses] cyprès rangés comme des pinceaux qui attendent, tête en haut, (…) la ligne crénelée des montagnes,(…) les rangées infinies d'arbres fruitiers » et la douceur sans pareille de ses couleurs et de sa lumière.
Et j’ai vécu, suspendue jusqu’à la dernière page, dans la tension du dénouement final.