A l’origine publié en feuilleton dans l’hebdomadaire américain Collier’s Weekly où il se présentait comme une variation du divertissement de Noël, Le Tour d’écrou de Henry James est depuis devenu un classique de la littérature fantastique, ayant inspiré nombre d’écrivains, de scénaristes et réalisateurs (Michael Winner avec Le Corrupteur, Alejandro Amenabar sur Les Autres, ou Mike Flanagan avec la série The Haunting of Bly Manor). Fiction dans la fiction, Le Tour d’écrou est un roman d’épouvante où s’exprime les rouages mentaux de sa narratrice principale, une jeune gouvernante et fille de pasteur témoin d’apparitions qu’elle perçoit comme une menace à l’innocence des deux enfants dont elle a la charge. Plus psychanalytique que viscéral, ce texte joue sur l’absence de fiabilité de son narrateur ainsi que sur ce que Henry James se plaisait à nommer « le motif dans le tapis » : ici, un récit constituée de motifs simples (une vieille demeure, des enfants, des fantômes) mais au tissage complexe auquel participe aujourd’hui cette langue d’une autre époque. Ce qui explique le caractère insaisissable de ce court roman, et la fascination qu’il continue à exercer chez les lecteurs, chercheurs et artistes de tous poils plus d’un siècle après sa sortie.