Difficile de se plonger aussi tardivement dans un tel classique de la littérature d'anticipation quand on connait déjà par coeur sa cultissime adaptation cinématographique. Ne connaissant que très peu l'auteur Philip K. Dick, j'ai tout de même pris le risque de rattraper mon retard, au risque peut-être de er à côté d'un monument.
Rédigé par l'auteur en 1966 à un moment plus calme d'une existence chaotique, "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" (quel titre poétique !), trouverait une partie de son origine dans deux oeuvres précédentes de Dick, lui permettant de pousser les interrogations du grand Asimov sur la robotique dans leurs derniers retranchements.
Sous le prétexte du thriller futuriste, Philip K. Dick esquisse donc une réflexion ionnante sur la frontière de plus en plus floue entre l'humain et l'être artificiel, imaginant une société où l'homme, constamment en quête d'une signification profonde à son existence, va peu à peu se rapprocher de la machine, jusqu'à ce que le lecteur ne puisse plus faire la différence.
D'une richesse thématique certaine, scrutant l'humanité avec une acuité évidente, le roman de Dick souffre cependant à mes yeux d'un léger manque d'émotion et d'une intrigue pas toujours palpitante, parfois même schématique, là où sa transposition cinématographique saura transcender ces quelques défauts en prenant largement ses distances avec le récit en lui-même, développant magistralement des idées à peine survolées ici.
Paranoïaque à souhait et poussant son lectorat à la réflexion, "Les androïdes..." ne m'aura finalement que peu marqué par son récit finalement accessoire, mais je peux aisément comprendre la fascination qu'aura exercé cette oeuvre visionnaire sur le public, vision froide et désenchantée d'une humanité vouée à disparaître... à moins que cela ne soit déjà le cas.