Se trouver devant un tel Everest littéraire est un défi pour le critique, conscient que tout ou presque a été dit sur ce chef d’œuvre intemporel.
175 lettres, échangées par moins d’une dizaine de personnages composent ce roman épistolaire dont la beauté, le raffinement, l’intelligence et l’esprit n’ont pas subi le moindre dommage depuis plus de deux siècles.
Je l’avais pour ma part étudié en 2004, alors en 2ème année de lettres modernes. J’avais 19 ans, l’indignation morale facile et une expérience amoureuse limitée, du moins dans sa portée charnelle, mon appréhension de l’amour était alors purement livresque. Je n’avais pas encore été traversée par l’aiguillon de la ion et de la jalousie, je ne pouvais donc apprécier pleinement la portée de cette œuvre de génie qui nécessite un peu de « bouteille » en termes d’expérience humaine et surtout amoureuse.
« Compte ouvert entre la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont »
Valmont et Merteuil sont deux nobles libertins qui, pour se désennuyer et asseoir orgueilleusement leur pouvoir (du moins aux yeux de l’autre), ent leur temps à orchestrer des intrigues dans le but de pervertir des âmes pures qu’ils pourront ajouter à leur tableau de chasse. Chacun rapporte à l’autre via lettres de l’avancement de ses vicieuses entreprises. Derrière ce cynisme affiché qui méprise ouvertement l’amour (tout en sachant le simuler à la perfection, grâce à leur maîtrise absolue de la langue, arme de destruction massive de toute prudence) les débauchés finissent par être pris à leurs propres pièges : Merteuil aime au fond Valmont, mais ne saurait l’ettre ; Valmont aime la Présidente de Tourvel, mais se refuse à le reconnaître, espérant conserver son « empire » (le mot revient souvent) sur son destin et sa réputation sulfureuse. Cette double trahison mutuelle culminera par le célèbre ultimatum de Valmont et la réponse concise bien connue de Merteuil :
« Hé bien ! La guerre. »
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