Woodrow Call a 70 ans et exerce toujours, comme chasseur de primes. Il est engagé par la compagnie des chemins de fer pour mettre un terme aux agissements d'un jeune mexicain, Joey Garza, qui semble plus fûté que la moyenne des bandits et qui se spécialise dans l'attaque de trains.
Call tente de constituer une équipe mais paraît désespérément seul alors que ses rhumatismes empirent et que les tueurs se multiplient. En premier lieu Joey Garza, si jeune et déjà légendaire, tueur froid et sans scrupule, dont la rumeur dit que sa carabine allemande au viseur télescopique peut atteindre sa cible à un kilomètre de distance. Plutôt 500 mètres, juge Call, trouvant cette distance déjà suffisamment inquiétante. Mais aussi Mox Mox, le brûleur, qui n'aime rien tant que brûler vivantes ses victimes. Et un John Wesley Hardin bien crasseux et détestable. Dans cet ouest crépusculaire, à l'aube d'être civilisé, on trouve aussi de vieux éleveurs, de vieux chasseurs, autant de personnages anachroniques ou en e de l'être. Même le juge Roy Bean y apparaît, vieillissant.
Dernier embrasement de l'ouest sauvage, ces tueurs entendent vivre à leur manière. Call est l'un d'eux, ni plus ni moins, si ce n'est que lui se range du côté de la loi, plus d'ailleurs que les shérifs parfois, qui jouent de leur pouvoir en toute impunité, ou du moins y comptent-ils. Et comme dans le reste de la série, cet ouest est un festival de violence sanguinolente, où l'on meurt brutalement et parfois, sans raison, simplement parce que Hardin était de mauvaise humeur.
Mais ce que raconte ce roman en définitive, c'est la faillite des hommes, et le courage des femmes. Les personnages féminins sont incroyables. Deux d'entre elles émergent. Laurie, l'ancienne prostituée, devenue institutrice, et bien décidée à sauver son bonheur conjugal, quitte à arpenter la prairie et le désert à la recherche de son mari, Pea eye, parti pour une énième mission avec le capitaine Call. Et Maria, la mère de Joey, qui ne s'en laisse pas compter, mais que son amour maternel refuse à abandonner son fils dont elle reconnaît pourtant le caractère diabolique. Clara est toujours présente, mais bien plus en retrait, elle aussi a bien vieilli. Ce sont Laurie et Maria qui semblent les vraies héroïnes de ce sombre roman, et leur présence illuminent les pages. Elles sont courageuses à l'excès, dures à la tâche, et si leur ambition de vivre heureuses paraît dérisoire, leur besoin de vivre aux côtés d'un homme ne doit pas laisser oublier que ce sont elles qui mènent leur barque, qui cherchent à constituer un cocon familial, à rendre l'ouest âpre et périlleux vivable. Si les hommes, dans ce roman, sont en pleine débâcle, ce sont les femmes qui emportent le morceau. Call aura beau abattre autant de hors-la-loi qu'il le peut, si la civilisation l'emporte, c'est grâce aux femmes. Merci à elles.