Il s'agit d'une tragédie de Sophocle que j'avais lue il y a longtemps et qui ne m'avait guère inspiré … Après relecture, je me confirme qu'elle est bien à part des autres tragédies célèbres comme le cycle d'Œdipe ou même Ajax récemment commentée.
Le titre ne donne pas d'indice sur le sujet mais la pièce concerne la mort d'Héraclès, fils de Zeus et d'Alcmène, après une vie bien tumultueuse. Il ne me semble pas utile d'y revenir sinon pour dire qu'au-delà des travaux de nettoyage forcené du monde de ses monstres, Héraclès était un sacré coureur (pour ne pas employer un mot plus vulgaire). Du genre qui génère une descendance partout là où il e. Même s'il est marié à une Déjanire qu'il avait pourtant obtenue de haute lutte et dont il a (au moins) un fils. D'ailleurs au début de la pièce, ça fait 15 mois que Déjanire l'attend. Et justement on annonce son retour accompagné d'un régiment de jeunes filles captives dont Iole, celle qui est sa maîtresse du moment (à son corps défendant, d'ailleurs).
Un truc presqu'amusant, c'est que le copain d'Héraclès, Lichas, en avant-garde, courageux mais pas téméraire, lui annonce l'arrivée des nanas sans entrer dans les détails. C'est un messager qui, une fois Lichas reparti, l'affranchit complètement … Et là, la môme Déjanire pète un plomb. Attendre 15 mois et avoir à se farcir la prochaine concubine en même temps que le mari, c'en est trop ! Elle ne s'avoue pas encore vaincue … Mais sa ruse se retournera contre elle et se transformera en un piège mortel pour Héraclès.
La pièce est en deux parties : la première est consacrée à Déjanire qui va se suicider quand elle se rendra compte de la portée de son acte. La deuxième concerne l'agonie d'Héraclès. C'est Hillos, le fils qui fait le lien entre les deux protagonistes.
J'aime bien le personnage de Déjanire qui a des allures de Médée en termes de personnalité et de caractère. Mais la construction de la pièce en deux parties est assez curieuse car Déjanire et Héraclès ne se rencontreront pas. Finalement, le caractère tragique de la pièce est porté par le fils dans sa relation orageuse avec la mère provoquant son suicide et dans sa relation avec Héraclès mourant et lui donnant ses dernières instructions.
La préface de l'édition que je possède indique sans certitude que la pièce serait une des plus anciennes de Sophocle (comme Ajax). C'est peut-être d'ailleurs cette incertitude sur la date de création qui fait que la pièce donne l'impression d'être un peu bancale. Il nous manque peut-être une donnée sur le contexte politico-historique qui parfois est une clé de compréhension de ces tragédies.
Ah oui, dernier point et non des moindres. Pourquoi ce titre un peu abscons ? Déjanire et sa suite habitent, à ce moment-là, à Trachis, en Grèce Centrale (Thessalie). Et la suite de Déjanire est composée de "jeunes filles" de Trachis que l'on retrouve notamment dans le chœur de la tragédie. Là encore, l'explication est claire mais n'apporte pas grand-chose sur l'importance que Sophocle accorde à ce chœur qui n'est qu'un des interlocuteurs de Déjanire …
Mystère …