Malpertuis
7.3
Malpertuis

livre de Jean Ray / John Flanders (1943)

Une révélation.

Hypnotique, brillamment écrit, Malpertuis est une révélation.

Mon avis :

Découpé en plusieurs voix, le récit est en grande partie mené par le jeune Jean-Jacques Grandsire qui, errant dans l’épaisse obscurité de la maison, parcourant les pièces larges et vides, les escaliers sans fin de l’énorme bâtisse, va peu à peu sombrer dans la folie.

L’écriture de Jean Ray est hypnotique. Le vocabulaire est fouillé, la langue travaillée sans être indigeste, les paragraphes aérés. Le récit coule, littéralement, il s’avale.

Le narrateur principal restant Jean-Jacques, le récit trouve d’autres voix; de nouveaux personnages prendront le relais. Curieusement, l’histoire, au lieu de s’élargir grâce à ces différents points de vue, se resserre un peu plus sur Malpertuis. La maison absorbe tout, l’intérieur comme l’extérieur; le couvent, la taverne ou la maison du bord de mer sont des lieux eux aussi maudits, contaminés, où les visions d’horreur ne cessent pas.

Si on peut trouver l’issue de l’histoire un peu déroutante, voire facile à la première lecture, on ettra, après réflexion ou relecture, que tout avait raison d’être. Ces personnages grinçants, étranges, et l’atmosphère de Malpertuis, cette lourde maison qui mange la lumière, vous suivent, vous sifflent à l’oreille. L’horreur est atténuée par une étrange fascination, et il semble que tout le talent de l’auteur est là; il imprime sur nous la marque de Malpertuis comme il l’a imprimée sur ses personnages; ainsi, chacun de leurs pas les ramènent devant la porte de la maison.
Et chacun des nôtres; plus tard, on attendra de trouver, aux abords d’un village, non loin d’une falaise, les fenêtres aux balconnets gris de la demeure maudite.
9
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le 15 janv. 2014

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Sarah Beaulieu

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