Avec ce roman on e à deux doigts d'un échec total. Quand j'y pense, c'est un miracle : un récit de fantasy sans la moindre scène d'action, conté dans un style maîtrisé mais parfois tellement pompeux qu'il m'en aura fait soupirer, et dotés de longueurs ignobles et interminables qui s'étirent lentement sur les 730 pages du pavé.
Mais... ça fonctionne. L'ambiance, l'univers obscur, l'expédition difficile dans cet environnement hostile, le mystère autour de la quête du Roi-Diseur et de Manesh, les nombreux non-dits qui laissent le lecture dans la perplexité, à s'imaginer, à essayer de comprendre. On s'y accroche, et on fini par y reconnaître une pépite engoncée dans beaucoup de maladresses. C'est un roman qui demande au lecteur de lui pardonner beaucoup et qui l'éprouvera presque autant que l'excursion du capitaine Rana et sa troupe.
Il y aurait tant de choses à redire ! Ayant finalement beaucoup apprécié cette lecture pour des raisons qui me sont encore très mystérieuses, je me contenterai d'une dernière remarque, sur les personnages. Plus de la moitié des membres constituant les équipages des gabares (où se déroule facilement les deux tiers de l'histoire) est totalement oubliable. Ces personnages sont interchangeables, on galère à se souvenir leur rôle, leur histoire (si elle est narrée), leur apparence,... c'est un échec total sur ce point de la part de Stefan Platteau, qui échoue avec moins de vingt personnages ce que Dan Simmons a réussi d'une main de maître avec plus d'une centaine, dans son superbe Terreur (qui a en commun le thème de l'expédition en bateau dans une terre inexplorée).
Manesh a clairement quelque chose d'unique pour peu que l'on parvienne à déer ses nombreux défauts, un ovni dans l'univers un peu trop fainéant des romans de fantasy.