Mars la rouge
7.2
Mars la rouge

livre de Kim Stanley Robinson (1992)

Terraformons, terraformons !

La conquête spatiale est un sujet qui m'a toujours ionné. Le roman "2001" (plus que le film) fut une révélation pour moi et a aggravé ma ion coupable pour la SF. Mars étant la prochaine planète qui nous permettrait de retrouver notre âme de pionniers, et la seule qu'une expédition pourrait toucher de mon vivant, je me suis plongé avec curiosité dans ce cycle, malgré l'épaisseur du livre.

Le livre commence "in medias res", sans présenter les personnages, et raconte l'assassinat d'un des personnages principaux par un autre. C'est déroutant, et comme exposition on a fait mieux. Après ce chapitre, le récit revient au début de l'expédition des Cent Premiers, l'expédition des colons scientifiques chargés de préparer le terrain vers Mars.

Il y a John Boone, charismatique et inconséquent comme un JFK, et le seul à être allé sur Mars et à être revenu. Les deux capitaines, Maya la Russe et Frank l'Américain, qui ent le livre à psychoter sur un triangle John-Maya-Frank. Hiroko, la biogénéticienne persuadée que Mars doit verdoyer grâce à son oeuvre de déesse de la fécondité. Nadia, amie de Maya, une technicienne assez ingénue. Sax, le scientifique partisan de la terraformation. Phyllis, la boyscout qui ne pense qu'à l'exploitation des ressources. Et surtout, un des personnages les plus attachants de ce tome : Ann, la géologue, qui tombe amoureuse de la planète dans son état originel, et assiste avec rage et chagrin à la transformation inévitable de Mars.

Car très vite après l'arrivée sur Mars, comme vous l'aurez compris, les choses déraillent entre les Cent Premiers, qui éclatent en petits groupes réunis par affinités. La planète change : des routes apparaissent. Des officiers gouvernementaux s'installent, et le traité qui fait de mars un territoire international dédié à la science, à l'image de l'Antarctique, ne cesse de recevoir des coups de canifs : des immigrants arrivent en masse, le crime et les méfaits de la civilisation apparaissent.

Le livre suit surtout dans sa première moitié John Boone, qui s'interroge sur les moyens de donner une unité à la société martienne et résister à la pression des transnationales qui veulent simplement l'exploiter. Il y a quelques longueurs dans cette partie, car Robinson ne veut négliger aucune des idées que lui dicte son imagination : c'est bien, mais cela donne parfois l'impression que ses héros ne sont que de simples spectateurs, et il y a parfois des redites.

Les cents dernières pages sont très prenantes, avec le récit de la révolte qui finit par éclater contre les transnationales et les changements catastrophiques qui apparaissent à ce moment.

L'action est crédible : les personnages ne sont pas des super-héros, simplement des humains évoluant dans un monde un peu plus avancé que le nôtre, avec leur propre histoire. Robinson décrit chaque nouvelle ville de Mars comme s'il l'avait sous les yeux, et en utilisant un vocabulaire très précis. Ses observations sur la psychologie de groupe sont souvent très fines et ouvrent des perspectives. On aurait juste aimé que le rythme soit un peu plus soutenu au milieu.

Bref, Robinson a un peu cassé mon rêve, et je pense qu'en effet, l'arrivée de l'Homme sur un nouveau territoire ne serait pas idyllique. Je ne lui en veux pas et je recommande ce livre, qui nous renvoie à ce que nous sommes, à ce que l'Homme cherche sur le temps long.
7
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le 15 avr. 2012

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zardoz6704

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