Même sujet général que dans Mangue amère : l'Inde, sa société, ses traditions, ses conventions, et le poids qui pèsent sur les individus, hommes et - surtout - femmes. Or, si Mangue amère sombrait dans une ambiance triste où il semblait que chaque destin était joué d'avance, le ton de Mes sacrées tantes est résolument humoristique. Ce qui ne veut pas dire que la société décrite soit plus indulgente pour ses membres, mais qu'elle est observée d'un œil différent.
Ici, l'émancipation est encore possible. Ce n'est pas toujours très clair, mais il me semble que la plupart des histoires prennent place dans une Inde encore colonisée, d'où peut-être cette vision d'un espoir à venir, et non d'un futur inéluctable. Car l’émancipation peut être familiale, individuelle, collective, politique.
Le corset des traditions n'en est pas moins pesant, mais l'on voit, par exemple à travers le portrait de vieilles femmes d'un abord revêche, à l'air inable, comment on peut s'en jouer tout en maintenant une apparence de parfaite respectabilité. Car, en Inde comme ailleurs, suivre les règles de la société, c'est avant tout une question d'hypocrisie.
Les odeurs de cuisine, très présentes dans Mangue amère, m'ont quelque peu manqué. Mais j'ai beaucoup aimé le ton ironique de Bulbul Sharma et la fin de la seconde nouvelle m'a fait éclater de rire. Ce qui n'est pas si courant lorsque je lis un livre !