En lisant cette pièce, pour paraphraser Perdican, j’ai souffert souvent, j’ai soupiré quelquefois ; mais j’ai finalement aimé.
Il y a bien des grâces, des joliesses et des élégances dans l’écriture de Musset. Le lyrisme de Perdican, notamment, est magnifique. Mais cela s’accompagne souvent d’une lourdeur pataude, surtout dès qu’apparaissent les personnages secondaires que sont le baron, les deux prêtres et Dame Pluche : tout est souligné, explicité (et répété par le chœur). Musset développe donc un badinage où le demi-mot, l’allusion, n’ont aucune place. Je me suis désintéressé assez vite de l’issue de l’amourette entre le gentleman-farmer évaporé et sa pimbêche de cousine.
J’ai eu donc l’impression, pendant presque toute ma lecture, de contempler une scène galante peinte sur une assiette de porcelaine : c’est mignon, élégant, mais aussi très bourgeois et convenu, ablement ridicule et dénué d’intérêt. Et puis, il y a cette fin incroyable, peut-être une des plus frappantes que j’ai lues, et qui change complètement et immédiatement la vision qu’on peut avoir de toute la pièce, jusqu’à devenir presque sa propre critique, tant elle remet en question tout son dispositif, ses personnages et même son langage.