Ce livre nous fait découvrir Lafarge, une entreprise de 80 000 employés, numéro un mondial du ciment, « modèle , fière de ses valeurs humanistes », qui a collaboré avec les nazis et construit des Blockhaus en 40, s’est plus récemment montrée intéressée pour bâtir le mur de Trump entre les USA et le Mexique ou encore, et c’est l’objet de ce livre, financé Daesh (on parle de 15 millions de dollars versés pendant plusieurs années, dissimulés par ses dirigeants) pour avoir le droit de continuer ses activités en Syrie, en pleine guerre civile.
C’est à vomir bien sûr. Tout est absolument révoltant. Mais il faut souligner ici le travail très riche de l’auteur , méticuleusement bien documenté, qui rend grâce aux anciens employés qui sont venus témoigner et à ces quelques membres d’une ONG qui patiemment, courageusement ont construit la plainte, l’ont amené jusqu’au bout. Ce travail historique de réussir à mettre en examen une personne morale pour complicité de crimes contre l’humanité, pour la première fois dans le monde. Le grand patron a été poussé gentiment à la démission, avec tout de même un pot de départ de 9 millions d’euros.
Le livre ne fait pas l’ime sur de similaires abus dans le monde industriel : des entreprises comme Samsung , Auchan, Vinci, Shell, Vale et autres ont également fait d’odieuses et tragiques décisions. Quant à Lafarge, ses méfaits en Syrie ne sont que la partie visible de l’iceberg : voilà une entreprise qui a accepté la compromission partout, de l’Afrique du Sud à l’Asie, en acceptant de payer des pots de vin à des États voyous , des entreprises terroristes ou encore des gangs mafieux, ou même le travail d’enfants. Conclusion douloureuse mais pas surprenante : après plusieurs années de bataille judiciaire, les juges cassent de façon définitive la mise en examen de Lafarge (Janvier 2024). Ça peut sembler déprimant, mais le travail réalisé na pas été vain, il a éveillé les consciences. On espère.
Un livre nécessaire.