Daniel Boone Price a 18 ans et termine le lycée dans la ville industrielle d'East Chicago où les rues principales portent le nom d'autres villes et où l'avenir semble se résumer à travailler dans une usine, comme son père. Price vit donc son dernier été d'adolescent avant d'entrer dans l'âge adulte. Il va de désillusions en désillusions, à commencer par sa carrière de lutteur dont l'échec ouvre le livre. Perdu entre sa maison où son père mourant réclame désespérément son affection et l'éloignement de ses meilleurs amis, il rencontre Rachel.
Ce premier amour sera alors pour lui une bouée et lui permettra d'oublier l'avenir froid qui l'attend. Mais au fur et à mesure du livre, cet amour se transforme en une nouvelle désillusion. Aimer une personne inconsistante et incompréhensible est une vrai douleur pour Price, qui se trouvera alors au bord de la folie et de la paranoïa. La recherche de la moindre trace d'affection se retrouve alors chez Daniel comme chez son père, comme une manière de donner un sens à leurs vies.
Ce roman est donc un roman d'apprentissage, d'initiation où les émotions de Price sont décrites avec une telle justesse qu'il est difficile de se détacher du personnage.
Finalement, c'est les journaux que rédigent Price à la fin du livre qui nous permettront de voir l'histoire du point de vue des autres personnages et d'enfin prendre du recul par rapport à la vision de Price des évènements, comme sa relation avec Rachel. C'est le personnage / narrateur qui fait comprendre au lecteur la vision biaisée qu'il peut avoir.
Rare sont les livres où la souf et les émotions du personnage principal m'ont touchées à ce point. Le thème, notamment, du age à l'âge adulte est très bien traité. La fin du livre, ouverte et curieusement optimiste contraste avec le ton du livre et est finalement assez symbolique:
En devenant James Donovan et en changeant de ville alors que tout le reste du livre se déroulait à East Chicago, Daniel Price parvient à prendre de la distance par rapport à son é et cherche un autre avenir que celui auquel il semblait destiné. Il devient au sens propre une autre personne, quittant le personnage d'adolescent mal dans sa peau qui nous est décrit tout au long du livre. La rédaction des faux journaux intimes de ses proches montre l'apprentissage de l'empathie et la fin du centrage sur ses propres émotions.
Les différents personnages de Price ont tous une attitude différente face à l'entrée dans l'âge adulte et la conformation à la société qui l'accompagne. Entre Misiora, le rebelle
qui mettra le feu à la Sunrise et symboliquement à l'avenir qu'on veut lui imposer
, Freud qui n'ose pas ettre que sa ville et son avenir ne lui semblent pas si mal et Mme Dewey, qui tente de revivre à travers les trois lycéens ses années de lycées perdues.
Mais le livre a également une dimension sociale, décrivant une ville industrielle dans les années 60. Daniel et ses amis n'ont pas les moyens de s'inscrire à l'université et son père, dont le cancer est du à ses conditions de travail, peut difficilement se faire soigner.
Le livre aborde ainsi de nombreux thèmes et présente des personnages tous très complexes. Difficile de ne pas être entrainé par les tourments et les émotions de Price, jusqu'à une très belle fin. A la manière d'un dernier été d'adolescence, le roman se termine très rapidement, sans qu'on ait le temps de s'en rendre compte.