Renan aborde la question de toutes les manières possibles et ce texte sera vivement apprécié par tous ceux qui se sont déjà posés cette question.
Sa démonstration est convaincante quant à la race, qui ne saurait être confondue avec la nation, notamment quand il rappelle que la la Prusse est (du moins dans sa partie orientale) originellement peuplé de slaves.
J'ai toujours pensé que la langue, circonscrite dans un territoire, était une bonne définition de la nation, mais il est vrai que l'exemple de la Suisse (comme le rappelle Renan) met à mal cette théorie. Et puis, la , fut (au moins jusqu'à la révolution), le berceau de bien des langues.
Bien sûr, on peut penser que cette conférence est en quelque sorte une attaque contre la conception allemande de la nation, mais Renan remet aussi en cause les conceptions territoriales (les obsédés de la rive gauche du Rhin) chères aux nationalistes français d'alors.
Plus étonnant encore, l'auteur nous dit dans un premier temps que les nations européennes sont maintenant si concrètes, forgées par le temps long et l'histoire, qu'aucune hégémonie d'un pays européen sur les autres ne sera envisageable dans les siècles à venir, mais conclut qu'une confédération européenne se réalisera probablement un jour ou l'autre.
Au final, la conclusion de l'auteur est plutôt satisfaisante si on n'y retranche rien : c'est l'histoire (le fait de se l'approprier) et la volonté de vivre ensemble qui forge la nation.
Une des conséquences de cette pensée est que selon l'essayiste ce sont les peuples des provinces disputées qui doivent décider de leur avenir. Si on partage cette idée, on pourra penser que les Criméens ont légitimement ret la Russie.
Bref, chaque partie de ce petit texte (seulement une trentaine de pages) est un matériel utile pour la réflexion et mérite largement d'être lu.