Clairement un livre à lire.
Alors c'est assez étonnant parce que de mon point de vue, ce texte est tellement important que toutes les critiques que l'on puisse faire à ce livre, c'est l'actualité qui l'a rendu obsolète. Ce livre ne traite plus tellement de ce que nous connaissons aujourd'hui, dans les exemples et dans les structures qu'il prend.
Au-delà de cela, ça me semble assez indéboulonnable.
Et puis, vient cette critique, celle de reprocher un manque de cohérence au propos du livre. Un manque de rationalité.
Cependant, on tombe face à une ime, liée certainement à une incompréhension des sujets du livre lorsque l'on vient faire cette remarque.
La religiosité est un mot galvaudé, aujourd'hui. Nous sommes pour la plupart, assez mal informé sur ce que sous-entend ce mot. Bien sûr, on peut comprendre en son sein dogmatisme, tradition, croyance absurde ou je ne sais quoi. Maintenant le religieux dans l'art, selon Tolstoï, ici ; c'est davantage la communication des émotions universelles, pas de potentielles mœurs devant devenir universel. Il ne faut pas confondre le projet politique des religions et leur potentiel spirituel. Tout le monde reconnaîtra l'importance d'une recherche de sens dans sa vie ; et dans la vie tout court d'ailleurs, Tolstoï vient dans son livre lier cette recherche de sens avec l'art, vecteur d'union des recherches. Au lieu de se cantonner à une recherche restreinte, il développe l'idée d'une recherche commune qui est parfois prétendue dans certains groupes dit religieux.
Et cette religiosité chez Tolstoï, c'est cela ; ça n'est pas une volonté d'union politique des peuples.
Donc il en vient à démystifier l'art, à sortir du schéma mathématique absurde de l'art. On ne fait plus de l'art pour l'art, on fait de l'art pour l'homme, de l'art pour l'âme des hommes. Ce qui est tout sauf dogmatique, au contraire. Alors bien sûr, si l'on prend tout séparément, dire "religiosité dans l'art", puis que l'on parle des guerres de religion pour illustrer l'inutilité de la religiosité ; tout cela semble absurde. Maintenant, Tolstoï tire le fil d'une pensée cohérente, qui malheureusement demande d'être assez honnête intellectuellement pour pouvoir entendre le propos général. Qui n'est pas de er d'un art à un autre, mais de er d'un art bridé, à un art libéré. Il remet en question notre libéralisme dans nos sociétés qui se reflète dans nos arts et dans nos sciences. On autorise tout par nihilisme et par intérêt pour la course à l'aliénation. On pourrait le percevoir comme un essentialisme en somme.
Bien entendu, si l'on veut bien accepter le propos de cet essai, il faut reconnaître que ça n'est pas un texte purement mathématique. Au contraire, c'est un texte qui illustre la nécessitée de revenir à quelque chose de plus concret. De sortir de l'exercice de style constant. De faire plus que d'illustrer, de communiquer avec cette chose que nous pouvons tous avoir, l'âme. L'art, ce seraient les âmes qui communiquent. Et l'âme, ça ne se définit pas. Comme Wildenstein, Tolstoï avance l'idée que les mots, la rationalité, empêche d'accéder à la vérité, à nous-même en finalité. Parce que tout cela nous dée, et toute notre logique.
Qu'est-ce que l'art de Tolstoï, c'est tout ça à la fois. Et je pense que toute personne tentant de critiquer ce texte doit commencer par accepter l'idée qu'il faut remettre en perspective les termes utilisés. Car il s'agit de mots, ne pouvant pas remplir la mission, à eux seuls, de compréhension. Toute critique doit se mettre au niveau, intégrer cette question pour ne pas er à côté du sujet.