« Les morts étaient bien les seuls à ne pas faire grève… »
Jean-Louis Mersh, flic et accessoirement accro aux amphétamines, se voit confier l’affaire d’un meurtre concernant une femme retrouvée assassinée dans une position de yoga. Cette enquête le mènera jusqu’en Inde.
Rouge Karma, fruit de la plume de Jean-Christophe Grangé, a constitué pour votre humble serviteur une première incursion dans l'étendue de son œuvre. De ce fait, les éventuelles récurrences thématiques ou stylistiques, maintes fois glanées au fil de lectures éparses, m'ont totalement échappé, offrant une appréhension vierge de toute préconception.
L'intrigue déploie avec une certaine érudition un substrat culturel indien des plus étoffés. Mon lexique personnel s'est trouvé enrichi de vocables sanskrits tels que kundalini, sadhou ou encore ghat, venant nimber le récit d'une aura d'exotisme spirituel. La peinture du système de castes, bien qu'amenée par le truchement de la fiction, a suscité une méditation sur les arcanes des hiérarchisations sociétales ancestrales.
Le roman se révèle, à l'analyse, une mise en garde, pour le moins emphatique, contre les dérives sectaires et l'ascendant pernicieux de certains gourous illuminés. L'arrière-plan historique de la contestation de mai 68, savamment imbriqué aux arcanes ésotériques du tantrisme, confère à l'ensemble une texture du récit particulièrement composite et, il faut le reconnaître, fort instructive.
Néanmoins, si la trame principale et le contexte se parent d'un intérêt certain, il est regrettable de constater une certaine indigence dans la caractérisation des personnages secondaires. Ces acolytes, d'une fadeur confondante et d'un relief quasi inexistant, peinent à susciter une quelconque empathie ou à nourrir substantiellement le récit. Leur présence, parfois superfétatoire, alourdit par moments une narration qui aurait pu gagner en fluidité avec des figures de proue moins insignifiantes.
En dépit de cette relative doléance concernant la profondeur desdits personnages, le livre n'en demeure pas moins une lecture qui a permis d'étancher une soif de découverte culturelle et lexicale, tout en offrant une perspective romanesque sur les dangers insidieux des mouvements dogmatiques.