70 ans après
Peu d'écrivains savent plonger dans les profondeurs de l'intime avec autant d'acuité que l'Israélienne Zeruya Shalev. De ce point de vue, Douleur, son avant-dernier roman, reste indéable et...
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le 19 sept. 2023
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Stupeur est un roman qui surprend. Polymorphe, il est à la fois un récit sur le deuil, sur le couple, sur les idéaux brisés ou trahis, dans un contexte israélien où l’histoire tourmentée se mêle intimement aux destinées individuelles.
Je retrouve ici l’écrivain israélienne Zeruya Shalev, après Ce qui reste de nos vies, et sa pénétration psychologique reste toujours aussi impressionnante. Nous suivons Rachel, une vieille femme ayant participé à la construction de l’État d’Israël. Idéaliste, elle a milité au sein du groupe Lehi, transportant des bébés piégés d’explosifs destinés aux occupants britanniques. Son compagnon, puis mari, partageait avec elle la conviction qu’un jour, Israéliens et Arabes pourraient vivre en paix, une fois les Britanniques partis.
Mais lorsque l’ONU crée l’État d’Israël et que les pays arabes rejettent cette décision, leur vie bascule peu à peu dans la désillusion.
Les chapitres alternent, dans une construction habile, entre l’histoire de Rachel et celle d’Atara, une jeune architecte. À la mort de son père, Atara découvre qu’il avait eu une première épouse. Cet homme distant, qui semblait lui reprocher son existence, lui adresse ses premiers mots d’amour en la confondant avec cet ancien amour : Rachel. Atara se lance alors à la recherche de ses origines et, après plusieurs rendez-vous manqués, finit par rencontrer Rachel et un destin façonné, comme celui d’Israël, par la souf et la mort.
Shalev excelle dans l’art d’exprimer les tourments de l’âme et la difficulté à se projeter dans l’avenir, dans un pays minuscule entouré de voisins qui ont juré sa perte. À travers les enfants de ces deux femmes, il semble qu’il ne reste que deux voies : le retour à la religion, qui explique et justifie l’existence d’Israël, ou l’engagement militaire. Dans tous les cas, nul n’échappe au sacrifice de soi ni à la douleur - une douleur que l’auteur connaît bien, ayant été grièvement blessée dans un attentat à Jérusalem qui fit dix morts.
Un roman dans lequel on plonge comme dans un gouffre.
Créée
le 24 avr. 2025
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