Thérèse Raquin est ma première expérience avec Zola, on m'avait souvent dit : « Tu vas voir, il n'y a que des descriptions, c'est d'un ennui ...». Suite à ces dires ma lecture pouvait alors commencer, et quelle surprise ! Certes les descriptions sont bien présentes mais d'une justesse et d'une intelligence exceptionnelle, vous êtes happé dès les premières pages, dans cette petite mercerie, autrement dit le purgatoire avant l'Enfer.
L'auteur des Rougon-Macquart, en parlant de ce livre disait « chercher en eux la bête, ne voir que la bête » et c'est ainsi qu'un amour virtuel celui de Camille et Thérèse devient une machine infernale évoluant en ion dévastatrice avec Laurent. Ce qui marche dans cette métamorphose des deux êtres, c'est la façon dont Zola distille des événements de plus en plus atroces, la noyade puis le silence, la morgue puis les tournois de cartes paisibles, le chat puis le visage de Camille qui hante les toiles de tableaux et enfin l'empoisonnement suivi du silence terrible de Madame Raquin. De plus, Zola est un maître incontesté en ce qui concerne la peinture d'une ambiance feutrée, angoissante.
Mais ce qui fait de ce livre un livre vivant c'est que ce dernier regroupe à lui seul, nombre de styles de romans différents : policiers, réalistes, psychologiques. Un livre dont la noirceur est si profonde que votre vie en sera, un moment, entaillée. Gare aux frissons !