Le road trip est l'un des poncifs de la littérature américaine tout comme de son cinéma. On y rencontre régulièrement des loosers en quête d'une rédemption ou tout simplement d'une raison de vivre. Dans ce court roman, le personnage principal est lui-même en quête d'un but dans la vie, lui qui a tout perdu, emploi, famille, espoir, et se retrouve désœuvré.
Avec le thème de la pêche en métaphore filée qui ponctue tous les moments clefs du texte, nous suivons trois personnes marginalisées par le contrecoup de la guerre du Vietnam, la société de consommation et le besoin d'exister par soi-même. Le roman reflète l'ambiance de son époque : un machisme assumé qui à notre époque politiquement correcte ne erait plus mais qui donne au héros un aspect à la fois détestable et risible, l'usage des drogues psychédéliques hérité des hippies qui fait penser à Las Vegas parano et la musique roots des Juke-box et des radios libres qui fait la BO du voyage.
Mais c'est aussi la violence, la disparition, la destruction et la mort qui hantent les protagonistes et qui ne peuvent que se manifester tout au long du voyage.
Jim Harrison toujours aussi ironique et moqueur dresse un portrait acide et amer d'une Amérique décadente et brise ce qu'il reste du rêve américain, abat ses mythes et enlaidit ses plus beaux paysages.