J'avais comme une envie de road trip, et depuis un certain temps je désirais découvrir Jim Harrison dont j'avais entendu le plus grand bien. Sauf qu'il faut le dire, suivre ses envies ne signifie que rarement plaisir extatique : par exemple manger au fast-food du coin, se rendre compte que la malbouffe ça coûte cher et que ce n'est vraiment pas terrible, puis regretter d'avoir déposer tout ce gras dans son organisme. En l'occurrence, j'ai souvent regretté d'avoir entamé cet ouvrage plus épais qu'il n'y paraît ; mais comme je n'aime pas balancer mon burger à 7€ à la poubelle au bout de trois bouchées, je n'aime guère davantage refermer le livre d'un auteur que je découvre pour la première fois au bout de cinquante pages, même quand c'est mauvais. Processus d'engagement, quand tu nous tiens.
Que faut-il reprocher à "Un bon jour pour mourir" ? Beaucoup de choses. D'abord, la répétitivité. On semble revivre inlassablement différentes variantes de la même scène sans que rien d'intéressant ne vienne s'y ajouter. La drogue, les bars, un peu de route, l'envie de se farcir une donzelle. Ce qui nous fait vite tourner en bourrique. Ensuite, l'absence d'histoire. On peut d'ailleurs penser que la répétitivité vient de cette absence totale de trame, qui pousse l'auteur à nous servir à l'infini les mêmes images. Le but du voyage, détruire le barrage, n'est d'ailleurs qu'un prétexte pour placer ensemble ces trois personnages dont on a voulu faire les protagonistes, et qui, chacun à leur façon, doivent rendre le témoignage d'une génération perdue. Voilà le troisième point négatif, et peut-être le plus important. Car c'est surtout là-dessus qu'achoppe la parole de l'auteur : il nous renvoie à une sorte de morale simpliste, point d'orgue d'un propos d'une folle vacuité (censé lui aussi vouloir dire quelque chose, dans une forme d'apologie du vide).
S'il y a des jours où il vaut mieux rester couché, celui qui m'a vu commencer ce bouquin était finalement un bon jour pour ne pas lire. Du moins, pas ce livre-ci.